Observatoire des dérives féministes, + vegan, transgenre et identification à des dragons Options

[Parisian]

Tapez "velma" (nom à l'international de vera de scooby-doo) dans google

Pas l'envie de trop chercher mais je comprends pas le "tout le monde savait"... il n'y a jamais eu (dans le dessin animé du moins, evidemment pas regardé le film hein) d'histoire d'orientation sexuelle, jamais de relation sentimentale ou autre dans mon souvenir d'enfance. Pourquoi on a besoin d'en foutre partout.

A la limite c'est plus dans les caricatures que se situeraient le souci (selon la grille de lecture actuelle) : le blond plutot bonne gueule est le leader, la moche est l'intellectuelle, le grand maigre est l'idiot...

[succo]

D'autant qu'un gamin de 6 ans en a sûrement rien à foutre de l'orientation sexuelle de la gonze.

Sinon mon post sur google c'était juste pour vous montrer qu'il pleut de la merde sur votre écran quand on tape son nom. Du forçage en règle.

[RegardZehef]

https://twitter.com/duncanyoung68/status/1583569960969699328

— CulturePSG (@CulturePSG) November7, 2011

[valderrama]

https://twitter.com/duncanyoung68/status/1583569960969699328

— CulturePSG (@CulturePSG) November7, 2011

Pauvre monde.

[jp.sorin]

Pas l'envie de trop chercher mais je comprends pas le "tout le monde savait"... il n'y a jamais eu (dans le dessin animé du moins, evidemment pas regardé le film hein) d'histoire d'orientation sexuelle, jamais de relation sentimentale ou autre dans mon souvenir d'enfance. Pourquoi on a besoin d'en foutre partout.

A la limite c'est plus dans les caricatures que se situeraient le souci (selon la grille de lecture actuelle) : le blond plutot bonne gueule est le leader, la moche est l'intellectuelle, le grand maigre est l'idiot...

C'est pourtant simple, intellectuelle + moche + jamais de relation sentimentale = lesbienne
(et Team IMC >25 beaux gosses intelligents )

[Zul]

humour anglais.

[taikai]

'Like Monty Python is back': Linguists blast Cambridge's bid to teach German using gender-inclusive words


Linguists have hit out at the University of Cambridge's decision to drop teaching gendered German.

The language has some words which are masculine or feminine and the male form is usually used for plurals.

But undergraduates have been told to use "inclusive language" and use "gender- and non-binary-inclusive language" when referring to students or colleagues.

When writing, students can make feminine nouns unisex by adding an asterisk before the suffix – which is non-standard and referred to as a "gender star".

The Times reports that course managers noted "in extended German texts grammatical structures can inhibit inclusivity… relative and other pronouns, for example, are obligatorily marked for grammatical gender, so going gender-free is difficult to achieve".

And Cambridge acknowledged that "gender as a grammatical category is part of native speakers' language competence, and overlaps only partly with gender as a real-world phenomenon and a lived identity".

Linguists attacked the idea, warning that students could appear foolish when they interact with native speakers.

The German Language Association's Oliver Baer said he and his colleagues felt their tongue was being abused and said: "My first reaction is it's like Monty Python is back.

"It's a minefield and I would hate to recommend to any Englishman to have to go through the details of all that.

"Although it's accepted, it's not respected to speak like that in Germany. I'd never pay £9,000 [tuition fees]… I wouldn't recommend that to anybody."

He added: "Language doesn't evolve from the top down. Maybe you can do that in North Korea, but not in our society."

Mr Baer suggested getting rid of the implied maleness in some forms of the language.

"If a non-native speaker came and tried to use gender-neutral German while on holiday here I think they would stand a good chance of making a fool of themselves," he said.

"Fortunately we have no German word for 'woke', so we borrow it from the English."

But the head of B2B didactics at Babbel, a language learning service, warned against confusing gender in grammar with gender in general.

"We have masculine and the feminine - if you would talk about any kind of professional, in German, if you use one single word - you have to decide whether you're talking about a male teacher or a female teacher. There is no way in the German language to have it as neutral, as it is in English," Maren Pauli said.

A spokesman for the University of Cambridge said: "As it clearly states on the faculty of modern and medieval languages and linguistics website, 'students are free to choose for themselves how to engage with inclusive language when speaking and writing in German'. To suggest otherwise is entirely wrong."

https://www.lbc.co.uk/news/cambridge-univer...-german-gender/

[tonato]

On utilise meme ces formes sur certaines chaines de TV maintenant, donc oui des etrangers qui apprennent l'Allemand à la fac en 2022 on plutot interet à comprendre le système, meme si en effet c'est rare qu'on force l'utilisation.

Ce que je trouve choquant c'est ce passage dans ton article:

He added: "Language doesn't evolve from the top down. Maybe you can do that in North Korea, but not in our society."

Ecrire cette phrase en Anglais moderne, une langue qui par definition s'est formée quand les Normands ont forcé l'utilisation de leur vocabulaire à la population Saxonne c'est ridicule. Bien sur qu'on peut imposer une langue par le haut, l'Ukraine en est en ce moment même l'exemple, où la langue russe est remplacée dans des tonnes de domaines par l'Ukrainien. Si l'éducation nationale de pays qui veulent faire evoluer leur langue vers des formes plus neutres le veut, bah la langue evoluera, et de facon plus rapide que les vieux ringards le pensent.

[Parisian]

Si l'éducation nationale de pays qui veulent faire evoluer leur langue vers des formes plus neutres le veut, bah la langue evoluera, et de facon plus rapide que les vieux ringards le pensent.

C’est moi ou ça a l’air de te plaire cette merde de langue inclusive gender neutral ?

[Nemeto]

Ecrire cette phrase en Anglais moderne, une langue qui par definition s'est formée quand les Normands ont forcé l'utilisation de leur vocabulaire à la population Saxonne c'est ridicule. Bien sur qu'on peut imposer une langue par le haut

Justement l'anglais s'est imposé par le bas vu que roi et élites parlaient une langue d'oil.
C'est le peuple bouseux saxon et sa petite noblesse qui a réimposé la langue germanique.

[Maboune]

https://twitter.com/UN_Women/status/1587777181081559041

— CulturePSG (@CulturePSG) November7, 2011

[CAPTAIN PLANETE]

Donc 88 % sont des hommes et ça pose pas probléme ?

[Parisian]

Donc 88 % sont des hommes et ça pose pas probléme ?

T’as gardé un certain pourcentage pour les trans et autres gender fluid ?

[CAPTAIN PLANETE]

My bad, je prensente mes excuses à Lestermination

[Parisian]

My bad, je prensente mes excuses à Lestermination

88+11=99

[Pastk]

Donc 88 % sont des hommes et ça pose pas probléme ?

Un indice : le nom du compte twitter

[Cara]

Un indice : le nom du compte twitter

Si je te dis que 100% des journalistes tués sont des journalistes, ça te pose pas de problème comme phrase ?

[Pastk]

Si je te dis que 100% des journalistes tués sont des journalistes, ça te pose pas de problème comme phrase ?

Ça me paraît plutôt cohérent

[Mereel]

Si je te dis que 100% des journalistes tués sont des journalistes, ça te pose pas de problème comme phrase ?

Et si je vous disais que cette phrase n'était pas toujours vraie

[VNR]

Bonne tribune dans les Echos.

Spoiler :

Quel rapport entre une statue de Voltaire maculée de peinture, l'écriture inclusive et les transgenres ? Si vous ne discernez pas le lien au premier regard, c'est que vous n'êtes pas woke. Pas encore, pas assez. Sinon, vous sauriez déjà que ce prétendu grand homme fut raciste et doit être banni. Vous souhaiteriez que l'orthographe soit chamboulée parce qu'elle rend les femmes invisibles, comme le veut le patriarcat souverain. Vous jugeriez que les personnes s'affranchissant du genre assigné à la naissance sont des pionniers valeureux. Vous seriez capable de repérer partout les injustices masquées de l'ordre établi, et de les dénoncer sans cesse.

Importé en France vers 2020, le terme woke, venu des Etats-Unis, s'est répandu comme une traînée de poudre. En février 2021, un sondage Ipsos montrait que 86% des Français n'en avaient encore jamais entendu parler. Pourtant, dans les médias, mille formes d'actions militantes sont réputées wokes : luttes LGBTQ +, mouvements étudiants multiples, Comité Justice pour Adama animé par Assa Traoré, propos de Sandrine Rousseau contre le virilisme, l'androcène et les barbecues, études décoloniales, discours antispécistes, groupes écologistes radicaux… Il est vrai qu'être woke est d'abord un état d'esprit, englobant une nébuleuse de sensibilités. Pas de doctrine unifiée ni d'organisation politique centralisée. Aucune théorie d'ensemble n'est au rendez-vous. On évitera donc de parler de wokisme.

Malgré tout, le mouvement existe, s'implante et se développe. Dans les amphis, sur les réseaux sociaux, dans les entreprises et les institutions publiques. C'est plus qu'une mode ou un mouvement de surface : ses conséquences sont symboliques, mais aussi politiques, sociales, économiques. La diversité des wokes est unie par des sentiments communs, des tournures d'esprit semblables, des modes d'action convergents et, surtout, par un rejet constant du dialogue, des principes mêmes de l'universalité, de l'égalité, des valeurs républicaines, soupçonnés entretenir dominations et inégalités sous le prétexte de les combattre. À terme, la menace woke pourrait concerner la liberté d'expression, l'éducation, la vie quotidienne, les relations sociales, la langue commune, et même l'exercice de la pensée. Est-ce une menace réelle ? Imaginaire ? Surestimée ? Sous-estimée ? Tour d'horizon.

D'où vient le mot ? Quel est son sens ?

Stay woke ! « Restez en éveil ! » Depuis les années 1960, ce fut un slogan des militants noirs américains. Le terme signifie à la fois conscient, vigilant et lucide. Cet éveil rend capable d'apercevoir des injustices inaperçues. Il rend visible l'invisible. Ce qu'on ne discernait pas apparaît soudain. La dimension religieuse, en tout cas sectaire, n'est pas loin : la révélation provoque un profond changement du regard, une forme de conversion mentale. L'« éveillé » distingue désormais toutes les formes de domination, de hiérarchie, de discrimination - sexuelles ou raciales, ethniques ou culturelles, réelles ou symboliques. Et commence par les déchiffrer, les enseigner et les dénoncer. Car la vague woke ne naît pas dans la rue, mais dans les amphis. Ses points de départ : des constructions intellectuelles, plutôt que des conflits sociaux réels. Ses élaborations reposent sur trois piliers : genre, race, intersectionnalité.

Les études de genre soutiennent que masculin et féminin sont des constructions sociales, patriarcales et dominatrices - à abattre. Inspirés par les courants américains (voir encadré), des oeuvres françaises, comme celle du philosophe transgenre Paul B. Preciado, s'emploient à abolir les différences entre sexes, genres et styles de sexualité. Plusieurs départements universitaires d'études de genre démultiplient ces points de vue (notamment à Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, Bordeaux, Toulouse et, depuis 2019, à Paris-1 Panthéon-Sorbonne, sous la direction de la philosophe Sandra Laugier).

Parallèlement, une série d'études portant sur les races s'est développée, dans le sillage de la théorie critique de la race née aux Etats-Unis. L'ancien antiracisme se voulait « colour blind », aveugle aux couleurs de peau. Sa version woke inverse la perspective. Elle revendique la fierté d'être racisé et prétend démasquer l'invisible « privilège blanc », le racisme « systémique » véhiculé par les institutions les plus démocratiques et les individus qui se proclament antiracistes. Dans ce registre travaillent notamment la philosophe Elsa Dorlin (La matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la nation française, La Découverte, 2006) ou le sociologue Eric Fassin, conjuguant lui aussi études de genre et études de races.

Car l'état d'esprit woke choisit de relier toutes les formes de domination. Formulée dès la fin des années 1980, la notion d'intersectionnalité est devenue la panacée qui permettrait de trouver en chaque individu singulier une forme de « convergence des luttes ». Ainsi, une femme de couleur lesbienne et handicapée subirait l'entrelacs inextricable de la misogynie, du racisme, de l'homophobie et du mépris des valides. Les traits distinctifs ne se juxtaposent pas, mais se renforcent pour produire des discriminations entrecroisées et intensifiées, que les classifications usuelles ne pourraient appréhender. Les sociologues Eléonore Lépinard et Sarah Mazouz (Pour l'intersectionnalité, Anamosa, 2021) considèrent cette notion comme le moyen d'approcher les expériences vécues par les individus, et de relier entre elles les actions militantes.

Mutation des recherches, des mentalités, des comportements

« Un spectre hante l'Europe », disait Marx en son temps. Aujourd'hui, ce n'est plus le communisme. L'esprit woke provoque en France, comme ailleurs en Europe, une mutation de l'université. La confusion entre travaux de recherche et textes militants s'accroît, comme si la recherche ne devait être qu'un instrument de lutte. L'idéal d'une connaissance objective est présenté comme un leurre, un outil de domination à combattre. Il n'existerait que des points de vue et des expériences « situées » , jamais aucun savoir neutre, seulement. Se trouvent alors contestés à la fois l'universalisme, l'objectivité scientifique, l'existence même d'une rationalité indépendante des races, des genres, des classes sociales, des traditions culturelles.

Cette captation partielle de l'université par le militantisme accompagne un changement de sensibilité plus profond, qui s'exacerbe. Il s'agit de n'être plus agressé ni stressé par les images, les propos, les représentations susceptibles d'offenser son statut personnel - choix sexuel, origine ethnique, traumatismes singuliers ou collectifs. Se mettent en place une kyrielle de précautions, avertissements, censures pour éviter le malaise de quiconque. Les wokes cultivent la fragilité. Le culte du safe space, supposé protégé de toute « micro-agression », conduit inévitablement à l'entre-soi et au renforcement de ses propres convictions. Se croyant stigmatisés, dominés, victimes du système, les wokes imaginent se protéger en annulant des discours supposés normatifs, oppresseurs et traumatisants. D'où la réécriture et la démolition d'oeuvres classiques, les mises au pilori numériques des récalcitrants. Entre la protection victimaire de soi et la guerre des clones exercée sur les autres, la frontière est mince, souvent franchie.

La cancel culture constitue la face active de la sensibilité woke. Il faut empêcher de parler les conférenciers aux idées jugées toxiques, comme le furent la philosophe Sylviane Agacinski. à Bordeaux en 2019, l'écrivain Mohamed Sifaoui à la Sorbonne, le linguiste Jean Szlamowicz à Lille, et bien d'autres. Il est devenu vertueux de disqualifier des enseignants sur les réseaux sociaux, de traquer dans le vocabulaire la moindre trace d'agression virtuelle, de réécrire l'histoire et de déboulonner des statues. Car, toujours, on agit au nom du bien, du vrai, du juste. Les effets de ce nouvel ordre moral débordent de plus en plus le domaine des universités. Il gagne les entreprises, qui organisent des séminaires de sensibilisation aux genres et aux races. Il touche l'éducation, et les institutions publiques. Déjà, des directives européennes préconisent de ne plus dire « Mesdames, Messieurs » pour ne pas offusquer les « non-binaires » de l'auditoire.

La France prémunie ?

S'agit-il d'effets de surface, folkloriques autant qu'éphémères ? Ce n'est pas certain. La vague est puissante, internationale et multiforme. Elle veut ébranler les piliers de l'histoire et de la pensée occidentales. Venue des Etats-Unis, doit-elle inéluctablement triompher en Europe ? Ou bien la France a-t-elle des spécificités capables de la prémunir contre les dérives constatées Outre-Atlantique ? On pourrait penser que le vieux fond catholique du pays n'offre pas le même terrain que le protestantisme à cet éveil de type religieux. Par ailleurs, l'histoire américaine est caractérisée par les luttes d'une très importante communauté noire, en butte à un racisme virulent, alors que l'histoire française, où dominent les stratégies d'assimilation, a surtout affaire à une immigration arabo-musulmane. Enfin, l'héritage des Lumières, au pays des droits de l'homme et de la République, imprègne encore notablement les esprits et les institutions.

Ces exceptions françaises suffisent-elles à faire la différence ? On ne peut pas l'affirmer. Il n'existe à ce jour aucune étude globale - fondée sur des données précises - des convictions et engagements des étudiants français selon les disciplines, les régions, les institutions. On ne connaît pas non plus les rapports de force exacts dans l'opinion. Seules sont disponibles des vues partielles, parfois impressionnistes, souvent partiales - comme si chacun discourait soit pour acclamer un esprit woke triomphant, soit pour en fustiger les travers. Pour en savoir plus, Il faut se tourner vers ceux qui sont sur le terrain, les universitaires. Leurs d'avis vont de la sérénité au pessimisme catastrophé.

Et s'il n'y avait pas de problème ?

Certains affirment ne pas être confrontés, dans leur pratique quotidienne, à une crise woke. Ainsi, à Nanterre, François Thomas, maître de conférences en philosophie, ne constate pour l'instant aucun climat de censure ni aucune virulence idéologique chez ses étudiants. « Je n'ai jamais reçu un seul mail de menace ou de protestation concernant mes cours. J'ai, au contraire, le sentiment que règne encore un grand climat de liberté d'expression, qui me porterait presque à considérer le règne supposé des wokes comme un fantasme. La virulence des affrontements me semble un fait global, dans la société actuelle, pas une particularité de l'université telle que je la connais. On y discerne, il est vrai, un intérêt plus marqué pour des réflexions sur le féminisme, les rapports de domination, les préoccupations écologiques, mais sans que personne ne cherche à imposer un point de vue ni à censurer qui que ce soit. Cela dit, j'ai bien conscience que mon expérience ne reflète qu'une part du paysage, et que les étudiants peuvent se comporter différemment ailleurs. »

Ce constat montre au moins qu'il subsiste des lieux universitaires où l'esprit woke n'est pas installé de manière forte. Faudrait-il en conclure que la menace est imaginaire, surestimée, voire inventée de toutes pièces ? Serait-ce une « tentative de disqualification de mouvements sociaux autour du féminisme, de l'antiracisme et de l'écologie », comme dit la journaliste et militante Rokhaya Diallo ? Le woke serait-il une pure invention des « réactionnaires » pour semer le trouble, comme le soutient également Alex Mahoudeau, dans son essai La Panique woke. Anatomie d'une offensive réactionnaire (Textuel, 2022) ? Ou bien faut-il distinguer, dans ce mouvement protéiforme, d'un côté des préoccupations et questions à soutenir, de l'autre côté des dérives et des effets de terreur à combattre ?

« Refuser les extrêmes »

Directeur de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, le philosophe Frédéric Worms met en garde contre ce qui lui paraît constituer deux dangers symétriques, l'extrémisme des militants wokes radicaux et celui des dénonciateurs acharnés de leurs excès : « Ces deux positions extrêmes se renforcent l'une l'autre et se nourrissent réciproquement, au risque de jeter le discrédit sur le légitime renouvellement des thèmes de recherche actuellement en cours. Le vrai sujet, trop souvent masqué par les querelles, ce sont les nombreux travaux qui traitent désormais de manière informée et scientifique des inégalités entre hommes et femmes, des discriminations, du postcolonialisme ou encore du nécessaire changement de perspective du regard de l'historien, que met en oeuvre par exemple le Master d'histoire transnationale créé à l'Ecole. Ces travaux novateurs se développent dans un cadre rigoureux, et ne doivent pâtir ni des excès des actions militantes ni des excès de ceux qui crient à l'idéologie quand sont combattues et d'abord étudiées des inégalités sociales, raciales, sexuelles. »

Pourtant, la situation préoccupante des Etats-Unis - censures, mises à l'écart, rejet fanatique de l'héritage culturel occidental - ne risque-t-elle de s'étendre en France ? « J'ai confiance dans le cadre de nos institutions, dans la solidité de l'universalisme républicain. Face aux dangers d'un extrémisme woke, les organismes publics et les débats scientifiques demeurent les meilleurs remparts. »

Cet optimisme relatif est partagé par Pierre Vesperini. Ce spécialiste de philosophie antique, chercheur au CNRS, a scruté la crise que connaissent, dans le monde anglo-saxon, les départements de Classics, où les études grecques et latines se trouvent accusées de faire le jeu de la domination blanche, du virilisme et de la rationalité. Face à cette situation qu'il juge « délirante », Pierre Vesperini, dans son livre Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture (Fayard, 2022), tente de comprendre les wokes.

« Ce mouvement est bien présent en France. Il porte notamment sur les 'grandes figures' de la mémoire nationale - Colbert, Napoléon, Victor Schoelcher, Voltaire - plutôt que sur les disciplines ou les oeuvres. Prenons l'exemple de la statue de Voltaire à Paris, régulièrement dégradée depuis deux ans par des tags, et finalement retirée. J'aimais cette statue. Je révère Voltaire, et je souhaite que sa statue revienne au plus vite dans l'espace public. Je pourrais me contenter de donner voix à mes affects. Mais si j'essaie de comprendre, je suis bien obligé de me confronter à l'un des nombreux squelettes qui dorment dans les placards de notre passé. Voltaire, très tôt, a investi des sommes immenses dans la Compagnie des Indes, largement impliquée dans le commerce des esclaves et a même légitimé l'esclavage, y compris sur des bases raciales, dans des textes qu'on ne mentionne presque jamais. »

Transparence et dialogue seraient les maîtres mots d'un apaisement : « Je suis convaincu que plus nous serons capables de dire la vérité sur notre passé, en donnant toute sa place à l'ombre qu'il contient, plus nos sociétés seront justes, et moins nous serons confrontés à des dégradations de statues. Il faut dialoguer avec ces mouvements, les prendre au sérieux, les critiquer quand il le faut, et tout faire pour apaiser cette querelle, dont nous ne pouvons nous payer le luxe face aux périls qui menacent de toutes parts la démocratie et la civilisation. La chose est possible, pourvu que chacun ait en vue un même idéal minimal : recherche et respect de la vérité et de la justice. » Le problème, c'est qu'il n'est pas évident que cet « idéal minimal » subsiste encore réellement. Pour qu'un dialogue ait lieu, il faut être deux à le vouloir. Or nombre de militants wokes, convaincus de détenir la vérité, refusent radicalement toute critique, tout échange. Ils n'écoutent rien ni personne. Leur attitude n'est pas rationnelle, mais plutôt religieuse. C'est ce qui les rend dangereux, pour les universitaires qui jugent la situation gravissime.

« Tout est joué, ou presque… »

La Religion woke est le titre de l'essai percutant du philosophe Jean-François Braunstein, professeur émérite à la Sorbonne (Grasset, 2022). Pour lui, il faut un véritable acte de foi pour adhérer aux postulats absurdes qui fondent les discours wokes : inexistence des corps humains biologiquement sexués, culpabilité permanente de tous les Blancs, ou même caractère « raciste » des mathématiques. Son analyse, impressionnante, soutient que le woke est la toute première religion née dans les universités et développée en leur sein.

« Il faut bien prendre garde au fait qu'il s'agit d'études et non de disciplines nouvelles. En fait, il n'existe aucune instance de contrôle, aucun critère objectif de validation. Les universités sont autonomes, les enseignants cooptés et jugés par leurs pairs. Face à ceux qui contestent la validité de leurs propos, ils rétorquent immanquablement : « les études montrent que… », se parant d'une autorité académique supposée qui n'a d'autre fondement que la série de mémoires rédigés avec les mêmes préjugés. Ainsi se constitue un pouvoir qui détourne l'université de son ancienne mission et la remplace par une religion universitaire, dont aucune institution ne peut plus mener la critique rationnelle. Les idéaux d'objectivité et de connaissance scientifique étaient ceux des universités. Dès lors qu'ils disparaissent en leur sein, il n'existe plus de garde-fous ! »

Ainsi la religion woke aurait-elle déjà gagné la partie dans les facultés de lettres et sciences humaines. « Il est déjà trop tard, car le socle laïque est fissuré. L'héritage des Lumières s'est effondré. La science, la raison, l'universalisme, qui constituaient les piliers de la recherche et de l'enseignement, ont laissé place à des points de vue militants multiples, fondés sur des « expériences vécues. ». L'institution n'est plus en état de faire marche arrière. » Pas moins alarmistes, plusieurs voix très critiques, comme celles du philosophe Pierre-Henri Tavoillot, de l'historien Pierre-André Taguieff, ou du linguiste Jean Szlamowicz considèrent que « tout est joué, ou presque… », si l'on peut dire - pas complètement, pour l'instant. Il serait encore possible d'éviter à la France de sombrer dans l'irrationnel, la dictature des minorités, et le nouveau totalitarisme qui prétend une fois encore transformer la langue et les pensées pour transformer la société. À condition de prendre conscience de l'ampleur des dégâts possibles, et de s'y opposer. Reste à savoir comment…

En fin de compte ?

Finalement, quelles leçons tirer de ce tour d'horizon ? La série « Woke en France » n'en est encore qu'à sa saison 1. Il se pourrait qu'il n'y ait pas de saison 2, que ces remous sombrent rapidement dans l'oubli. Mais rien ne permet d'écarter une suite plus conflictuelle, plus sombre, qui exige de… rester en éveil. Car elle pourrait voir se développer, à grande échelle, des risques qui sont actuellement à l'état naissant. Ces risques ne sont pas liés aux sujets abordés. Pesanteur des stéréotypes sociaux, lourdeur de la domination masculine, persistance de l'héritage colonial, inégalités masquées… Tout cela existe, exige absolument d'être pris en compte, examiné, combattu. On ne tombera pas dans le piège de jeter le bébé des questions qui fâchent avec l'eau du bain woke. Mieux vaut garder en tête les vrais dangers, qui sont de quatre types.

D'abord les présupposés radicaux. Par exemple, la conviction que derrière tout savoir se cache un pouvoir à démasquer, que toute connaissance « fait le jeu » d'un genre, d'une race, d'une classe. Ou bien le postulat qu'il n'existe que des oppresseurs et des opprimés, que toute relation est domination ou résistance, comme si la complexité du monde se réduisait entièrement à des luttes entre maîtres et esclaves, bourreaux et victimes. Cette radicalité est d'autant plus dangereuse qu'elle s'accompagne toujours d'un point de vue totalisant : tous les mâles sont misogynes, tous les Blancs sont racistes - par essence, par nature ou par système. On passe aisément de ce parti pris totalisant à un dispositif totalitaire : le mâle qui s'avoue misogyne l'est évidemment, celui qui nie l'est aussi, tout comme le Blanc qui se croit antiraciste.

Les dangers d'une « culture de la haine »

Une autre série de dangers est liée à l'obsession d'être une victime, d'en obtenir le statut et le passeport. Autrefois, la place de victime n'avait rien de désirable. Mieux valait s'en extraire et construire un autre monde, enfin libre. Aujourd'hui, chacun exige d'être dans cette situation, supposant que la victime est forcément bonne, vertueuse et juste, le mal étant irrémédiablement du côté des dominants. L'ingéniosité consiste donc à inventer des oppressions inédites, à dénicher des injustices encore inaperçues, pour mieux épancher vengeance et ressentiment. Car la troisième série de risques, sans doute la plus redoutable, dessine l'émergence d'une « culture de la haine » - au sens d'une haine culturelle comme d'une haine entretenue, démultipliée. Haine du passé, haine des Blancs, haine des mâles, haine de l'Occident, haine de la logique, haine de l'universalisme. Soupçons et rejets plutôt que liberté et égalité. Cette haine est déjà là, amplifiée par les réseaux sociaux. Elle pourrait s'intensifier et s'accroître.

Et continuer à truquer les usages de la langue. Car la dernière série de menaces, peut-être moins visible, n'est pas moins forte. Les wokes inventent quantité de mots qu'ils veulent faire passer pour des idées. Mieux : ils prennent leurs créations artificielles pour des réalités, et leurs croyances pour des faits. Leur novlangue, comme celle d'Orwell, travaille à façonner la pensée, à empêcher la réflexion critique. Récapitulons. La philosophie et la science sont construites sur la raison, la vérité, l'objectivité, les argumentations, l'égalité des esprits, la clarté des expressions. Les discours militants s'opposent aujourd'hui à chacun de ces éléments, en disqualifiant tout point de vue objectif, toute connaissance qui ne soit pas « située » et enracinée dans un vécu singulier. Conséquences ultimes : abandon de l'idée même de vérité, disparition des sciences, de la rationalité, des argumentations, des preuves, porte close à tout débat, toute objection. Les wokes ou Descartes, il faut choisir.