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HHA
posté 06/11/2013 15:07
Message #401


Fluctuat Nec Mergitur
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Supporteurs de foot : «Valls a renforcé la politique répressive»

Spécialiste des “ultras”, le sociologue Nicolas Hourcade dénonce les effets pervers de la politique répressive, dont le PSG est le laboratoire. « Le foot n’est pas un îlot coupé de la société, indique-t-il. À Paris, certaines violences se sont déplacées dans la sphère politique. »


Nicolas Hourcade, professeur agrégé de sciences sociales à l'École centrale de Lyon, est spécialiste des “ultras” et des politiques de gestion de ces supporteurs très actifs et virulents. Il est le coauteur du Livre vert du supportérisme remis en octobre 2010, qui proposait de renforcer le rôle des associations de supporteurs comme « partenaires sociaux du football ». Livre vert resté lettre morte. Le sociologue revient sur les effets pervers de la politique répressive, mise en place depuis 2009 et poursuivie par le gouvernement socialiste.

Quand la France a-t-elle créé un service national et des forces de police spécifiques pour le football ?

Nicolas Hourcade. La politique française de lutte contre le hooliganisme date vraiment de la saison 2009-2010. Les premières lois sur la sécurité dans les manifestations sportives sont apparues sous Michèle Alliot-Marie en 1993 avec les interdictions judiciaires de stade. Puis il y a eu une accélération à partir de 2006, où selon la méthode Sarkozy, le gouvernement répondait à chaque problème de sécurité par une nouvelle loi plus répressive. Mais il n’y avait pas de politique constante. En septembre 2009, après la mort d’un supporteur à Belgrade, le ministère de l’intérieur a créé la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH). Elle remplace et complète le “point national information football” (PNIF) qui existe dans tous les pays européens pour centraliser les informations sur le hooliganisme. Se met alors en place une concertation très forte entre les autorités sportives, les clubs et le ministère de l’intérieur. La DNLH, dirigée par le commissaire Boutonnet, devient la courroie de transmission du ministère de l’intérieur.

Quelle est la stratégie ?

L’accent est mis sur la répression et la tolérance zéro. Ce qui est d’autant plus facile que les supporteurs ont une image très discréditée après la mort de deux d’entre eux à la suite d’affrontements en 2006 et 2010. (Yann Lorence, de la tribune parisienne Boulogne, est mort en mars 2010 après avoir été roué de coups par d’autres fans du Paris Saint-Germain, de la tribune Auteuil. En novembre 2006, Julien Quemener, lui aussi fan du PSG, avait été tué par un policier qui tentait de protéger un supporter d’un club israélien poursuivi par plusieurs fans parisiens - ndlr.) Depuis son arrivée, le ministre de l’intérieur socialiste Manuel Valls n’a fait que renforcer cette politique, avec notamment une multiplication des arrêtés préfectoraux interdisant ou limitant les déplacements des supporteurs lors des matchs. La ministre des sports a très peu d’espace politique sur ce sujet, qui fait consensus à droite comme à gauche, et où il n’y a que des coups à prendre en proposant une autre politique associant prévention et répression. Le gouvernement peut se permettre d’aller au bout de la logique sécuritaire par rapport aux supporteurs de foot, car ils n’arrivent pas à s’organiser nationalement et n’ont pas de relais médiatiques.

Le hooliganisme dans l’esprit du grand public, ce sont les violences liées au football. Mais la division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) se préoccupe aussi beaucoup de gens qui boivent de l’alcool, fument du cannabis, critiquent le PSG sur leurs banderoles ou amènent des fumigènes au stade. On utilise donc le mot de hooliganisme et les mêmes sanctions administratives pour punir des faits sans commune mesure. Ce qui crée l’illusion d’un continuum entre ces faits. Il faut aussi différencier les hooligans, qui sont des bandes violentes structurées, des ultras, qui sont plus ambivalents. Les groupes ultras sont dans une logique d’opposition, qui du fait des tensions actuelles avec les policiers, peut vite passer à la violence. Ils sont d’abord là pour le foot, mais peuvent aussi se battre. Il serait opportun de gérer différemment ces deux types de groupes.

Quel est le bilan, depuis 2009, de cette politique ?

Côté positif, la France a aujourd’hui une politique cohérente qui a permis de limiter la violence aux abords des stades. Avec tout l’arsenal sécuritaire, la vidéosurveillance, les compagnies de sécurité privées et le dispositif policier, les stades sont aujourd’hui plus sûrs. Il ne faut pas minimiser la violence et le racisme qui existaient auparavant.

Mais cette politique a des effets pervers. N’est-on pas en train de créer une cocotte-minute en exerçant une pression de plus en plus forte sur les supporteurs ? On a vu ce qui s’est passé au Trocadéro. À Montpellier, en 2012, un ultra a perdu un œil suite à un tir de flashball d’un policier. La politique est de harceler les supporteurs avec les sections d'intervention rapide (SIR), des forces spéciales en survêtement, qui interviennent très vite dans les stades. Deuxièmement, peut-on accepter des méthodes aussi radicales et peu respectueuses des libertés publiques ? Troisième question, plus parisienne, est-ce le rôle du ministère de l’intérieur de soutenir la volonté d’un club de changer de public ? Le ministère traite-t-il de graves problèmes d’ordre public, auquel cas il n’y a rien à dire, ou est-il au service d’intérêts privés ?

Le risque n’est-il pas de déplacer la violence hors des stades, comme on l’a vu au Trocadéro ?

La récente campagne de la Ligue de football professionnel « Sortons la violence du stade » est assez révélatrice. La gestion du “supportérisme” en France consiste essentiellement à tenter d’éradiquer la violence du football en chassant les hooligans hors des stades. On se moque de déplacer la violence ailleurs ou de radicaliser certains. Or le foot n’est pas un îlot coupé de la société. Il n’y a aucune réflexion globale, on ne pense pas aux conséquences sur la société. À Paris, certaines violences se sont déplacées dans la sphère politique.

Lors des manifestations contre le mariage pour tous par exemple ?

Oui, certains durs de Boulogne ont accru leur investissement dans les groupes d'extrême droite. Entre autres, mais pas seulement, dans les manifestations contre le mariage pour tous. Des groupes qui s'affrontaient autour du Parc s'opposent désormais dans la rue ou lors de manifs politiques. Ça ne concerne que quelques dizaines de personnes sur l'ensemble des supporteurs précédemment en conflit, mais ce n'est pas neutre. Une bonne partie du groupe de Clément Méric (un militant du groupe “Action Antifasciste Paris Banlieue” qui a été battu à mort par des skinheads le 5 juin 2013 - ndlr) sont des anciens du virage Auteuil.

Et concernant le PSG, qui a connu des rivalités et des affrontements meurtriers entre deux kops ? Quel est le bilan du plan Leproux ?

Le plan Leproux combine l’action des pouvoirs publics, avec notamment la dissolution de cinq groupes de supporteurs parisiens (trois associations ultras et deux bandes de hooligans), et du club, avec comme mesure phare le placement aléatoire dans les tribunes situées derrière les buts. Au printemps 2010, ce plan était tout à fait justifié pour faire cesser les tensions entre les tribunes d’Auteuil et de Boulogne. La situation était extrêmement malsaine. Mais ça a été une erreur de mettre tous les occupants d’Auteuil et de Boulogne dans le même sac, alors que seule une minorité de supporteurs était concernée par les violences. Et si on voulait recommencer à zéro pour repartir sur de nouvelles bases, il aurait également fallu changer les responsables de ce dossier du côté du PSG afin que tout le monde (les supporteurs mais aussi le club) assume ses erreurs. De plus, alors que les mesures devaient être provisoires, le dialogue n’a jamais été rétabli. Ni le club, ni les anciennes associations ne se sont donné les moyens de reconstruire autre chose.


D’ailleurs, le plan a été un échec commercial au départ, avec un stade vide en 2010-2011. Le PSG a été sauvé par l’arrivée des Qataris dont l’argent a permis d’attirer des stars pour remplir le stade puis d’augmenter le prix des places. L’abonnement premier prix est passé d’à peu près 250 euros en 2010 à environ 400 euros aujourd’hui. Le PSG s’est aligné sur la politique du Royaume-Uni, en remplaçant les groupes de supporteurs, difficiles à gérer, par des clients individuels. Pour les responsables du club, les ultras c’est fini. Ils considèrent que cette période est derrière eux. Quitte à utiliser des méthodes qui posent question, comme la création, mise en évidence par la Cnil, d’une liste de supporteurs indésirables, indépendamment de toute condamnation administrative ou judiciaire. Mais certains de ces ultras ne veulent pas disparaître et continuent à faire des coups d’éclat comme au Trocadéro. C’est ce conflit latent qui a explosé au visage du club ce soir-là et sur lequel ont embrayé des jeunes extérieurs à ce conflit, qu’on a qualifiés commodément de « casseurs ». Le club a voulu produire pour le monde entier de belles images devant la tour Eiffel, quitte à prendre des risques dans le déroulement des événements sur le sol parisien.


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Baghib!
posté 25/12/2013 18:00
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Ligue 1 : Parc des Princes, les raisons du boycott

Niçois, Lorientais, Lyonnais, Toulousains et désormais Lillois… Depuis le début du championnat, plusieurs associations de supporteurs ont boycotté à tour de rôle les déplacements de leurs clubs respectifs au Parc des Princes face aux footballeurs du Paris-Saint-Germain. « A l'instar de nombreux groupes de supporteurs de l'Hexagone, nous jugeons inacceptable la façon dont les supporteurs visiteurs sont accueillis au Parc des Princes, et le tarif excessif [40 euros], pratiqué pour un simple match de championnat », ont indiqué la semaine passée, dans un communiqué, les Dogues Virage Est.

Dimanche 22 décembre, comme deux autres associations nordistes, ces supporteurs lillois ont donc, eux aussi, préféré regarder le récent PSG-Lille (2-2) à la télévision plutôt qu'au stade. Spécialiste du supportérisme et professeur à l'Ecole centrale de Lyon, Nicolas Hourcade considère que cette série de boycotts est d'une ampleur nouvelle : « Elle s'explique parce que la hausse des prix est extrême, on atteint maintenant des sommes comprises entre 30 et 40 selon les matches. Cette hausse des prix correspond à la logique du club, puisqu'elle ne s'applique pas qu'au “parcage visiteurs”, mais à l'ensemble du stade. »

VACHES À LAIT

Jusqu'à la saison dernière, les prix pour assister à un match au Parc dans l'emplacement réservé aux visiteurs avoisinaient les 20 euros. Cette grille tarifaire faisait déjà de l'enceinte parisienne la plus chère de France, avec le stade de Gerland à Lyon, tout en restant à l'époque encore acceptable. « Cette saison, pour nous, le prix est monté à 38 euros », déplore à présent Yves Dussert, coprésident des Indians Tolosa. Il y a trois mois, ce groupe de supporteurs toulousains a donc tout bonnement annulé sa traditionnelle expédition à Paris. « Nous, on vient pour supporter le Téfécé, pas pour financer les Ibrahimovic, Cavani… Nous ne sommes pas des vaches à lait », poursuit-il, énumérant les stars du PSG achetées par ses propriétaires qatariens, en place depuis 2011.

Plusieurs fidèles du FC Nantes, prochain adversaire à se rendre sur le terrain des Parisiens pour un match de Ligue 1, prévoient également de faire l'impasse le 18 janvier. « A l'exception du Parc, nous ne dépensons en moyenne que 10 euros pour acheter nos billets dans presque tous les stades de L1, assure Romain Gaudin, responsable de la Brigade Loire. Le problème, c'est que le PSG est dans son bon droit, puisqu'il a augmenté les prix dans tout son stade. » Le règlement de la Ligue de football professionnel autorise le PSG à vendre des places aux supporteurs adverses selon le prix fixé par le club, à condition que ce prix ne soit pas « supérieur à celui pratiqué pour les supporters locaux dans la même catégorie ».

« Au-delà du problème des tarifs, poursuit le supporteur nantais, nous protestons aussi contre le climat global qui règne maintenant au Parc des Princes. » Ce mouvement, analyse Nicolas Hourcade, sert aussi bien à « défendre les propres intérêts de ces supporteurs qu'à défendre ceux des groupes de supporteurs parisiens qui n'ont plus droit de cité dans leur propre stade ». Les principales associations parisiennes, dissoutes en 2010 à la suite du décès d'un supporteur, n'ont en effet jamais été remplacées.

ASSIS, TAIS-TOI, CONSOMME

Dans le cadre du plan Leproux, du nom du président de l'époque, le règlement du Parc des Princes, censé sécuriser davantage le stade, s'est particulièrement durci. Et désormais, afin de « ne pas gêner les autres supporteurs », il y a même depuis 2012 interdiction de se tenir debout dans les tribunes équipées de sièges. « Maintenant, il faut rester assis, se taire, et consommer, regrette Yves Dussert. Ça ne correspond pas à notre vision du football. D'ailleurs, en septembre, les Toulousains qui n'avaient pas boycotté le match ont été embêtés par les stadiers du Parc des Princes, parce que nous, dans notre culture, on a pour habitude de regarder les matchs debout… »

De fait, la zone destinée aux spectateurs adverses accueille toujours, malgré tout, quelques visiteurs. « C'est assez impressionnant, même si plusieurs associations de supporteurs adverses ont effectivement déjà appelé au boycott, on trouve toujours des supporteurs adverses qui viennent au Parc des Princes. Il s'agit surtout d'indépendants qui vivent déjà à Paris », suppose un supporteur parisien, Guillaume Blanc, abonné au Parc des Princes et ancien responsable du site de supporteurs AllPSG.com.

Pour Nicolas Hourcade, les mouvements de boycott menés à titre collectif font donc les affaires des dirigeants du Paris-Saint-Germain, dont les responsables de la billetterie, contactés hier, étaient injoignables : « Leur politique consiste ostensiblement à chasser du stade les groupes de supporteurs structurés et, plus largement, les classes populaires », estime le sociologue.
lemonde.fr
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Asa
posté 07/01/2014 11:10
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Citation ("France Football")
Supporters : vers des sanctions individuelles a priori ?

Va-t-on la saison prochaine sanctionner à titre préventif les individus au comportement violent ou raciste pour éviter que les clubs ne soient contraints d’évoluer à huis clos à la suite de débordements dans leur stade ? C’est le projet défendu la semaine dernière au ministère des Sports par Hermann Ébongué, vice-président de SOS Racisme et président délégué de Sportitude France.

Cette structure est à l’origine de la création de l’Observatoire des comportements dans et aux abords des stades. Depuis trois ans, elle collabore avec le Paris-Saint-Germain. Ébongué a défendu la mise en place d’une commission nationale des sanctions contre les supporters. Indépendante, elle pourrait identifier les fauteurs de troubles et les sanctionner sur la base des conditions générales de vente d’un billet et du règlement intérieur des clubs. Ces mesures d’exclusion ne se substitueraient pas aux décisions disciplinaires ou pénales. «Mais isoler les brebis galeuses permettrait d’éviter d’en arriver au match à huis clos, une sanction collective et peu pédagogique, argumente Hermann Ébongué. Le ministère s’est engagé à sensibiliser les clubs à ma démarche. Certains d’entre eux doivent avoir le courage de faire le ménage dans leurs associations.»


(via Les politiques sportives en France)
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Alex177
posté 04/03/2014 15:28
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« Au Parc, on a vu ce qu'étaient la foi et la ferveur »
Parce qu'il « était important de laisser une trace visuelle » des supporters du PSG, William S. Touitou et Jérôme Bénadiner ont réalisé il y a deux ans le documentaire "Parc". Ce dernier ressort actuellement, agrémenté d'un second documentaire intitulé "Liberté pour les ultras". Et parce qu'avant d'être réalisateurs, les deux bougres sont avant tout des supporters du PSG depuis toujours, ils ont forcément des choses à raconter.

Comment vous est venue l'idée de "Parc" ?
William : Après la saison 2010, avec Jérôme, comme beaucoup d'anciens abonnés, on n'allait plus au Parc des Princes. On était témoins de ce qui se passait, autrement dit les tribunes sans les virages, les arrêtés préfectoraux en déplacement, les IAS (Interdiction Administrative de Stade), etc. Du coup, j'ai dit à Jérôme qu'il fallait à tout prix que l'on fasse quelque chose, qu'on témoigne de ce qui était en train de se passer, du traitement infligé à ceux qu'on appelle désormais des « anciens supporters ». Je me suis occupé de l'écriture de la trame et Jérôme s'est occupé du démarchage des anciens du club : les anciens pros, les anciens leaders d'associations, etc. Petit à petit, ça s'est emboîté. À chaque fois qu'on démarchait, les réponses étaient positives et ça nous a poussés à continuer. Surtout que l'image du supporter n'a fait qu'empirer au fil des mois.

Le but était de « réhabiliter » le supporter parisien ?
William : Non, on a été assez lucides sur la situation. Quand on a repris la saison 2010-2011 sans abonnement, ça faisait longtemps que ça nous était pas arrivé et tout de suite, on s'est rendus compte que c'était un tournant dans l'histoire du club. Parce que le club se privait de ce qu'il avait de plus cher. Il fallait parler de cette période-là parce qu'on savait qu'il y aurait un avant et un après Plan Leproux. On voulait marquer cette période. C'était vraiment un hommage. Avec Jérôme, on ne se considère pas comme des ultras mais on en a côtoyés pendant très longtemps et on s'intéresse à ce phénomène. On lui porte un très grand respect. Il fallait parler de tous ces mecs qui se faisaient chier à venir au Parc pour l'amour du club, qui plus est à la suite d'une dizaine d'années sans titres, à part des coupes nationales. C'était les années noires sportivement et on était en virage à l'époque. On a vu ce que c'était de lutter contre la relégation, d'être à 45 000 alors qu'on pouvait descendre le match suivant. On a vu ce qu'étaient la foi et la ferveur. Donc c'était un hommage, oui, mais aussi une façon de dénoncer le traitement infligé au supporter, qui est devenu un paria et qui l'est encore aujourd'hui. Lors du match à Toulouse dernièrement, il y a encore eu un arrêté préfectoral.

C'était une façon de faire son deuil, aussi, un peu ?
William : Complètement. Le documentaire a été mis en place lors de l'année du boycott dont l'idée était simple : montrer la différence quand on n'est pas là. Et ça s'est ressenti.
Oui mais les instances du PSG n'en avaient rien à foutre.
William : C'est clair. Surtout qu'il y avait déjà le Qatar en sous-couche, même si on en parlait pas à l'époque. Mais c'est normal : s'il n'y a pas de rachat derrière, le Parc meurt petit à petit et la voix des supporters se serait fait entendre à un moment donné. Et en même temps, s'il n'y a pas le rachat du Qatar, est-ce qu'il y a le drame de 2010 ? Quand tu le dis, tout le monde croit que tu fabules mais on sait que c'est orchestré. Ne serait-ce que la Qatargate deux ans plus tard qui aurait dû faire l'effet d'une bombe et qui, finalement, passe inaperçu avec l'arrivée de Beckham juste après. On sait que le plan Leproux n'est pas arrivé tout seul, qu'il était programmé, et que dans la mort de Yann Lorence, tout le monde n'est pas blanc.

C'est-à-dire ?
William : On était au match et on a vu ce qui s'est passé. Ça fait vingt ans qu'on fait des PSG-Marseille et on sait comment ça se passe. Surtout que là, c'était le pic des tensions entre Auteuil et Boulogne. Or, logistiquement, c'est pas possible que ça arrive : tu peux pas avoir trente, quarante, cinquante mecs qui passent autant de barrages d'un coup. De Boulogne à Auteuil, il y a la moitié du stade à traverser. Normalement, c'est pas faisable. Je le dis, je l'assume : il y a eu un vrai laisser-aller pour que la situation explose. Évidemment, ils ne s'attendaient pas à ce qu'il y ait ce drame, qui doit être dénoncé. Tous ces voyous qui ternissent l'image du supporter doivent être bannis à vie. Quand tu vas dire ça à un mec lambda, il va te dire que t'es parano, mais quand tu as été dedans, tu sais que tout est lié.

Dans le documentaire, on remarque qu'il y a des joueurs, des journalistes, des leaders d'associations. Et finalement, très peu de dirigeants. Vous vous êtes heurtés à une sorte d'omerta ?
William : Il y a certains mecs qu'on n'a même pas cherché à approcher. Denisot, c'était évident qu'on l'aurait jamais eu. On a surtout usé de nos contacts proches pour trouver des dirigeants. Cayzac, on l'a approché parce que c'est le dirigeant historique que tout supporter respecte et respectera toujours. Quand tu discutes avec lui, tu vois qu'il a la même idée du supporter que le supporter lui-même. C'est un mec qui a compris qu'intégrer les supporters dans la vie, c'était essentiel à sa progression. Après, il a été impuissant à l'époque où il était président et il est tombé sur la pire période du PSG. Aller chercher des mecs comme Graille ou Perpère, ça sert à rien : ce sont des mercenaires. Tu vois, on a fait Fernandez et on s'est rendu compte qu'il était pas du tout concerné par le sujet. Rapidement, tu te rends compte que les gars sont même pas au courant. Les mecs savent pas ce qu'est une interdiction de stade. Après, t'as des mecs comme Ducrocq ou Ceará qui savent de quoi on parle.
Jérôme : Nous, on a la conception du club comme une famille : c'est une même entité, on vit ensemble, on partage les mêmes valeurs. Mais aujourd'hui, les dirigeants se disent que les supporters sont des clients et que quoi qu'il arrive, ils seront là pour acheter les maillots et les écharpes. Au final, ils en ont rien à foutre. Quand tu vas chez Burger King, tu partages pas les valeurs, tu kiffes parce que les sandwichs sont bons et tu y retournes.

Pourquoi avoir ajouté un second documentaire dans le DVD ?
William : Le premier film marque une période du club et on ne voulait pas y toucher. Qu'il ait une date, qu'il reste ancré là-dedans. Donc on a fait une mise à jour plus étoffée, qui s'attarde plus sur le mouvement ultra au PSG.

Dans le documentaire, on apprend que le leader du mouvement Liberté pour les Ultras s'est fait emmerder dans sa démarche. Est-ce que vous avez connu les mêmes soucis ?
William : Non, on a juste eu une petite mésaventure sur iTélé dans l'émission de Pascal Praud qui nous a dit que ça n'allait pas se passer comme prévu parce qu'il avait reçu un appel de Jean-Claude Blanc et que les mecs de SOS Racisme et de la Lutte contre les hooligans allaient intervenir.
Jérôme : On était invités pour débattre de la problématique du Parc et on s'est finalement retrouvés à se justifier de tous les problèmes de violence que rencontre le football en France. C'est un amalgame énorme. Au Parc, les problèmes de violence sont quasiment résolus, il n'y a presque plus de supporters « chauds », etc., mais il y a encore des arrêtés.


Comme les mecs interdits de matchs au PSG Handball ?

Jérôme : Ou ceux qui ont été interdits de stade pour le match France-Australie au Stade de France. C'est une folie. Ils sont en dehors de la loi. À tous les matchs, des supporters achètent leur billet par la voie officielle, se rendent au stade et se voient interdire l'entrée alors qu'ils sont dans leur bon droit. Il y a encore des listes noires où des mecs sont reconnus comme « anciens supporters du Parc ». La CNIL s'est même penchée sur le truc.
William : Toutes les interdictions de stade sont annulées un an après et les mecs sont dédommagés. Mais pendant un an, le mal est fait. L'opinion publique s'en fout et les médias ne relaient pas donc ça va continuer longtemps. T'as l'histoire lors du match à Toulouse il y a un an où les mecs sont restés bloqués avec leur bus sur une aire d'autoroute pendant quatorze heures sans boire et sans manger. Et c'est toujours la direction du club qui met ces choses en place, jamais les équipes adverses.

Vous êtes supporters du PSG depuis quand ?
Jérôme : Depuis toujours. C'est de famille. On est des vrais mecs du club.
William : On a joué au PSG, en plus. On est restés au club jusqu'à nos 18 ans.

Votre plus beau souvenir ?
William : Le PSG-Real de 93, j'y étais avec mon père mais j'ai une ou deux images. Pas de vrais souvenirs. Mais Jérôme, il était en virage pour le PSG-OM de 99. Ça faisait dix ans qu'on les avait pas battus. Il y a une ambiance de folie alors qu'on a une équipe de tocards. On fait la pire année après Canal+. Mais les trucs forts qu'on a vécus en tribunes, c'est quand on luttait contre la relégation. Les mecs chialaient en tribunes.
Jérôme : Le PSG-Saint-Étienne avec le but de Clément.




Jérôme : Ça poussait de la première à la dernière minute. C'était ta chair. T'avais des frissons rien qu'à voir ça. Même sur des petits matchs de merde contre Sochaux, contre Le Mans. On avait à 90% des joueurs de merde et t'avais des merveilles qui passaient. Ronaldinho, Pauleta, Rothen, par exemple.
William : Rothen, c'est un mec qui avait le club dans le cœur. Il a quand même raté sa carrière pour jouer à Paris.

D'autres joueurs vont ont marqués durant cette période ?
Jérôme : Sorín ! Lorik Cana ! Même Heinze, même s'ils nous a trahis en signant à l'OM.

Expliquez-nous comment, en signant à l'OM, certains joueurs peuvent trahir et pas d'autres ?
William : Heinze, tu te rends pas compte comme il a pu symboliser le club ! Et puis le club a fait beaucoup pour lui. Sans le PSG, il a pas de carrière, Heinze.
Jérôme : Quand il a perdu son père, il y a eu un hommage de fou au Parc. Il a fait des déclarations comme quoi il était lié à vie avec ce club et finalement, derrière, il signe à l'OM. Mais un mec comme M'Bami, bon, tu t'en fous qu'il aille à l'OM. Dehu et Fiorèse, c'était une trahison parce qu'ils étaient capitaine et vice-capitaine et qu'ils partent dans les derniers jours du mercato.
William : Par contre, un mec comme Cana, on lui en veut pas. Halilhodžić l'avait mis au placard alors qu'on voulait le voir jouer. Cana, quand tu lis une interview de lui, le club qui l'a marqué, c'est Paris. Avant un Clásico, sur Canal, on lui pose la question des supporters, il dit Paris. Alors qu'il jouait à Marseille. Le mec, il a des couilles.

Vous pensez quoi du PSG version qatarie ?
William : On est complètement fans ! Mais c'est vrai, en plus. T'imagines pas mais quand t'as mangé de la merde pendant des années avec des Pancrate et consorts... J'ai jamais vu une aussi belle équipe sur un terrain. Même l'équipe des Weah, Ginola, c'était pas pareil. Là, il y a que des gueules, que des caractères. Que des bonhommes, quoi. On pardonne rien mais on est lucides. Elle est merveilleuse cette équipe. On est rouge et bleu à vie et on va pas se mettre à supporter le Paris FC à cause de Qataris.

Propos recueillis par Matthieu Rostac pour So Foot
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Tonio
posté 08/04/2014 14:37
Message #405


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France - Ligue 1 - PSG
Vendredi 25 Avril 2014

PSG : des ex-ultras refoulés à Charléty

Régulièrement, des fans du PSG contestant la politique de leur club envers ses supporters se voient interdire un déplacement ou une entrée au stade. Rebelote dimanche dernier, alors que les féminines du PSG affrontaient Hénin-Beaumont au stade Charléty.



Supporters du PSG à un match des féminines contre l'OL à Charléty

Dimanche de Pâques. 25 personnes, pour la plupart d’anciens ultras du Parc des Princes, décident de se rendre au stade Charléty pour encourager l’équipe féminine du PSG, qui affronte ce jour-là Hénin-Beaumont. « Avec ce qu’il se passe au Parc, assister aux matchs des féminines est l’une de nos dernières alternatives si l’on veut continuer à supporter le PSG », explique Sylvain, ancien de Boulogne. L’enceinte ne risquant pas d’être comble (Charléty compte 20 000 places), ces supporters comptent acheter directement leur billet sur place. Manque de chance, à leur arrivée et après une fouille apparemment infructueuse des CRS, le chef des stewards leur refuse l’accès aux gradins.

Pour les explications, il faudra repasser. Selon nos informations, aucune des 25 personnes présentes sur place n’était interdite de stade. Lorsqu’un des supporters parisiens a tenté de demander un procès-verbal ou une note qui justifierait un tel refus d’accès, celui-ci n’aurait eu droit qu’au silence en guise de réponse. Les CRS auraient même fait en sorte que personne ne filme la scène, quitte à effacer une prise de vue sur le portable d’un fan parisien. « À un moment donné, on a cru qu’on allait malgré tout pouvoir entrer. On nous a dit : "C’est bon, mais vous ne faites aucun chant contre le Qatar." Finalement, au bout d’une demi-heure, on a dû faire demi-tour, regrette Sylvain. C’est dommage, on n’était pourtant pas méchants. On venait juste chanter pour nos féminines. » Si cette version des faits est correcte, elle démontre que ce ne sont pas des raisons de sécurité publique qui justifient l’interdiction d’entrer à Charléty, mais bien une censure pour préserver la bonne image du nouveau PSG.

Sans huissier, pas de preuves

Interrogée sur ces événements, la préfecture de police de Paris n’a pas su nous en dire plus pour l’instant, précisant simplement que « ce n’est pas nouveau » de voir des anciens abonnés du PSG refoulés par le club. « Ils ne sont plus en odeur de sainteté », nous a-t-on confié. Du côté du stade Charléty, il nous a été conseillé de contacter directement le PSG, seul habilité à gérer la sécurité lors des matchs de l’équipe féminine. Nous sommes toujours dans l’attente d’une réponse de la part du club suite à nos multiples sollicitations.

Quoi qu'il en soit, les supporters refoulés de Charléty n’ont que peu de moyens pour faire valoir leurs droits. Pierre Barthélémy, avocat d’anciens ultras du PSG et travaillant sur des dossiers similaires, explique que « pour pouvoir effectivement constater les faits et les faire valoir devant un tribunal, il aurait fallu qu’ils soient accompagnés d’un huissier de justice, seul assermenté pour constater. Si demain ils vont au tribunal, le PSG leur dira : "Prouvez-le" et ils en seront incapables. »

À la décharge de ces supporters du dimanche de Pâques, il faut admettre que le fait d’aller au stade avec son huissier personnel sous la main n’est pas encore tout à fait entré dans les mœurs. « Contracter l’aide d’un huissier de justice le temps d’un match de football, ça représente un coût d’environ 600 à 700 euros », précise d’ailleurs l’avocat. Ça fait cher le match…

La mobilisation ne faiblit pas

« Ils ont gagné… pour cette fois », lâche Sylvain. Une dernière phrase en guise d’avertissement. Cela fait maintenant plus de trois ans et demi que certains supporters parisiens qui considèrent avoir été mis au ban du PSG suite au plan Leproux continuent de mener des actions et de tenter d’encourager leurs équipes. « Le PSG, c’est le patrimoine de Paris. Il ne leur appartient pas (à QSI, ndlr). Quoi qu’il arrive, on ne lâchera jamais. S’il faut se faire recaler pendant dix ans, eh bien on se fera recaler. Ces types-là partiront avant nous. On sera toujours là pour Paris », prévenait, il y a quelques semaines, un autre supporter devant les caméras d’Enquête de Foot (émission de Canal + souvent intéressante d’ailleurs). Du côté de Sylvain, si les mots ne sont pas les mêmes, la volonté affichée est semblable : « Ce que fait le PSG en ce moment avec nous, ça nous renforce. On est révoltés. Ce qu’ils font nous rend plus forts. »

Dernière preuve en date de cet activisme contestataire, les banderoles affichées sur les axes routiers parisiens juste avant la finale de la Coupe de la Ligue : « PSG, LFP, DNLH : Tous coupables », « Liberté de supporter le PSG », « Libertés bafouées. Merci le PSG » ou encore « PSG, pas de grand club sans grand public ». Lors du reportage « Ultra(s) select » sur Canal +, un dirigeant du PSG affirmait, à propos des supporters critiques : « Ils vont se fatiguer. Il n’y a pas de problème. » Pour le moment, la fatigue ne se fait pas encore sentir.

Par Aymeric Le Gall

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Tonio
posté 05/05/2014 22:34
Message #406


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Citation (So Foot)
Des ultras interpellent la Ministre



Le remaniement ministériel a accouché d’un ministère des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Même si cette dernière attribution semble noyée dans un portefeuille élargi et confus, une quinzaine de groupes de supporters ultras français (Ligue 1 et Ligue 2 confondus) tentent de relancer le dialogue avec le ministère, largement coupé depuis 2010 et le congrès national des associations de supporters organisé au Stade de France par la secrétaire d’Etat aux sports de l’époque, Rama Yade.

Dans un courrier qu'ils transmettent aujourd’hui à Najat Vallaud-Belkacem ainsi qu’à son secrétaire d'État aux sports, Thierry Braillard, ces groupes de supporters (de Montpellier à Lens, en passant par Nantes, Paris, Auxerre, Toulouse ou encore Nancy) interpellent leurs autorités publiques sur l'accueil et la gestion des supporters dans les stades français.

« Cette initiative, explique Romain l'un des responsables de la Brigade Loire de Nantes signataire du courrier, est née du triste constat de la situation de conflit entre les instances sportives et étatiques et le mouvement supporter organisé, ou non d'ailleurs, mais les groupes organisés sont en première ligne. Constat partagé par bon nombre d'acteurs du football, notamment M. Desumer, vice-président de la FFF, lors des récentes Assises du supportérisme au Sénat. Cette situation de conflit amène à des cas de figure ridicules où, par exemple, la présomption de trouble à l'ordre public est utilisée à outrance pour enfermer 80 supporters nantais dans un stade pendant 7h à Valenciennes ». Ou pour interdire l'entrée du stade Charléty à des supporters parisiens venus supporter l'équipe féminine du PSG face à Hénin-Beaumont.

Le courrier, que So Foot s'est procuré, reproche ainsi aux autorités sportives et publiques de traiter la question des supporters uniquement sous l'angle de la répression et en passant exclusivement par le ministère de l'Intérieur. « Prendre un arrêté d'interdiction de déplacement, ce n'est pas gérer le mouvement supporters, c'est l'esquiver », déplore Romain.

Autre point d'achoppement mentionné dans la missive : « Les instances du football refusent tout dialogue avec les représentants d'associations de supporters ». À ce titre, le courrier soulève l'absence d'un « agent de liaison supporters » dans chaque club professionnel. Une recommandation pourtant inscrite noir sur blanc dans le règlement de l’UEFA. Parmi les 54 nations affiliées à l'UEFA, seules trois n'ont pas encore mis en place cette préconisation, comme l’a rappelé William Gaillard, conseiller de Michel Platini à l’UEFA, lors des Assises du Supportérisme au Sénat : la Moldavie, l'Azerbaïdjian et... la France. « L'Allemagne fait de la prévention par le dialogue, la France fait de la prévention par l'interdiction. Et dans cette façon de penser, il n'y a pas de place pour un référent supporter », observe Romain.

La lettre pointe également l'absence d'initiatives significatives de la part du ministère des sports depuis le Livre vert du supportérisme rédigé en 2010 suite au congrès des supporters et resté lettre morte. Ce pas en avant des groupes de supporters intervient alors que le rapport du groupe de travail "football durable", remis à Valérie Fourneyron la précédente ministre des sports par le député PS Jean Glavany, préconise justement la mise en place d'un dialogue avec les associations de supporters. Et alors que les Assises du supportérisme, qui se sont tenues au Sénat le 17 avril dernier pour défendre l’actionnariat populaire et l'implication des fans dans la gouvernance du football, ont accouché de la création d’un Conseil National des Supporters Français (CNSF).

Ce courrier demande aussi à ce qu’une délégation de supporters représentant différentes équipes de Ligue 1 et de Ligue 2 soit reçue par le ministère des sports. « Nous souhaitons améliorer la situation actuelle par l'ouverture d'un dialogue, indique Romain. L'argument de la LFP a toujours été de dire que nous ne sommes pas représentatifs mais c'est un moyen pour elle d'esquiver le sujet. Elle était d'ailleurs encore absente aux Assises du supportérisme ».

Face au mutisme de la LFP, les supporters visent donc directement la médiation politique. Une initiative qui pourrait d'ailleurs mettre en lumière l’éventuelle marge de manœuvre du ministère des sports face à la place Beauvau dans la gestion de l'épineux dossier des supporters de football.

Les groupes signataires du courrier : Brigade Loire (Nantes) ; ex-Liberté pour les Abonnés (Paris) ; Red Kaos 94 (Grenoble) ; Butte Paillade 1991 (Montpellier) ; Armata ultras 2002 (Montpellier) ; Merlus ultras 1995 (Lorient) ; Ultras Auxerre (Auxerre) ; Magic Troyes (Troyes) ; Red Tigers 94 (Lens) ; North Devils (Lens) ; Ex- ultras Troyes (Troyes) ; Microbes Paris 2006 (Paris) ; Unicamox 79 (Niort) ; Indians Tolosa 1993 (Toulouse) ; Saturday FC Nancy (Nancy) ; Kop Banlieue (Créteil) ; Barbarians (Le Havre).

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Asa
posté 16/03/2015 07:30
Message #407


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La Cnil enquête à nouveau sur le fichage illégal des supporters par le PSG

Info L'Equipe - L'organisme, qui avait déjà interdit au club d'utiliser une liste illégale de supporters indésirables, vient d'effectuer deux nouvelles investigations dans ses locaux.


La Cnil poursuit son enquête sur le fichage illégal des supporters par le PSG. Selon des documents que nous nous sommes procurés, la Commission nationale Informatique et liberté, qui avait déjà interdit au club l'an dernier d'utiliser une liste noire de supporters indésirables, a récemment effectué deux nouvelles investigations dans ses locaux. Elles portent sur l’achat de billets pour le match RC Lens-PSG au Stade de France le 17 octobre 2014: des supporters non-interdits de stade et munis de tickets ont été empêchés d’entrer dans l'enceinte.

Une information que nous confirme le PSG, qui précise que la Cnil aurait aussi procédé à des contrôles au sein du RC Lens pour le même match, et d’autres clubs du football français. La Cnil, qui veille à la protection de la vie privée et des libertés dans le monde du numérique, est en mesure de prononcer contre le club parisien une sanction financière allant jusqu’à 150 000 euros, comme elle l’avait fait contre Google l’an dernier.

Un feuilleton publié toute la semaine sur L'Equipe.fr

Des fans du PSG se voient régulièrement refuser l’achat de billets pour des matches à l'extérieur de leur équipe. A l'occasion de la réception de Paris en avril 2013, le club d'Evian-Thonon Gaillard avait reconnu avoir reçu de la part de la Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), super gendarme du foot français, une liste de noms dont il était prié d'annuler les places, sans que ceux-ci ne soient visés par de quelconques interdictions de stade. Il a été condamné par la justice pour avoir obtempéré.

Au-delà du cas du PSG, des procédures administratives (interdictions de stade et interdictions de déplacement) visent régulièrement des personnes n'ayant jamais été impliquées dans des faits de violence ou de racisme… Toute la semaine, L’Equipe publiera sur son site un feuilleton sur les supporters de football. La France a-t-elle un problème avec ses supporters? Comment concilier sécurité et libertés? Quelle est la différence entre ultra et hooligan? Comment font nos voisins? Un épisode sera mis en ligne quotidiennement pour répondre à ces questions.


L'Equipe.fr - http://www.lequipe.fr/Football/Actualites/...pporters/543455
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Wormy
posté 19/03/2015 12:26
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Le PSG assouplit légèrement le plan Leproux

La saison prochaine au Paris-SG, les abonnés des virages du Parc des Princes auront à nouveau le droit de prêter leur carte d'abonné. Cela leur était interdit depuis la mise en place du plan Leproux en 2010.

Ce n’est pas une révolution mais le changement est assez symbolique pour être souligné. Le Paris Saint-Germain nous fait savoir que «les abonnés des virages pourront bénéficier la saison prochaine de la possibilité de prêter leur carte d’abonné, à condition d’identifier le bénéficiaire du prêt, ce qui n’était plus le cas depuis la saison 2010-2011».

Il s’agit en effet d’un léger assouplissement du plan Leproux, cet ensemble de mesures mises en place par l’ancien président du PSG en 2010, à la suite de la mort de Yann Lorence aux abords du Parc des Princes. Son but était de lutter contre la violence autour du club de la capitale, et les résultats sont là: le PSG est passé en quatre ans du principal foyer de violences liées au football en France à l’un des stades les plus calmes du pays, où aucun acte violent n’a été recensé sur la première moitié de saison 2014-2015. Plusieurs mesures phares du plan, comme le placement aléatoire en virages, sont toujours appliquées aujourd’hui.

Une fréquentation en baisse
Le changement concernant le prêt des cartes d’abonnés répond quant à lui directement à un nouveau problème pour le club. Si le PSG a battu cette saison son record d’abonnés (32500) et affiche officiellement le meilleur taux de remplissage de Ligue 1 (95%), les tribunes de son stade sont en fait régulièrement clairsemées. La différence s'explique par le fait que la LFP comptabilise les places payées, alors qu'un nombre non-négligeable d'abonnés ne se déplacent pas pour les «petits» matches.

Le club entend par ailleurs augmenter de 5% en moyenne le prix de ses abonnements pour la saison prochaine, avec des suppléments pour les matches de Ligue des Champions. Une hausse critiquée par Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe communistre-Front de gauche au Conseil de Paris.


L'Equipe
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Chadmild
posté 19/03/2015 14:43
Message #409


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CL
posté 17/04/2015 12:33
Message #410


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De quoi le Parc des Princes est-il “mort” ?

Le Parc des Princes est un des plus beaux stades de football en Europe. Il compense son âge vénérable par la modernité de sa conception. Son architecture, certes brutale, est immédiatement identifiable, et il dispose d'un atout majeur : une acoustique incomparable qui a fait sa légende.



La mise en œuvre du "plan Leproux" en 2010, qui préludait à l'arrivée des investisseurs qataris, et d'une manière générale la politique d'exclusion des Ultras parisiens, a conduit à un profond renouvellement du public, et à un changement tout aussi marqué de l'ambiance. Ce retour à l'ordre et au calme a opposé ceux qui le saluent et ceux qui le déplorent. "Et il est mort le Parc des Princes" est devenu le refrain entonné par les supporters qui ont choisi de (et ont pu) continuer à assister aux rencontres, et qui se désolent de ne plus reconnaître leur stade, dans lequel on a "éradiqué" bien plus que la violence.

À GUICHETS (THÉORIQUEMENT) FERMÉS

Encore faut-il, préalablement, remettre en perspective les affluences du PSG. Même aux grandes heures du club dans les années 80, la fréquentation restait modeste, et elle n'a augmenté sensiblement qu'au cours de la seconde moitié des années 90. On remarque d'ailleurs que les deux bonds de l'affluence les plus marqués ont eu lieu au moment des reprises par Canal+ (1991) et, vingt ans plus tard, par Qatar Sports Investments.



Le paradoxe est que, si le PSG est en passe de battre pour la quatrième saison d'affilée son record d'affluence, son stade plein est un stade qui sonne creux. Parfois littéralement : récemment, Le Parisien a révisé les chiffres officiels, pointant le fait que de nombreux abonnés ne se déplaçaient pas à tous les matches mais étaient comptabilisés quand même… En cause, le fait que certains spectateurs s'abonnent afin d'être sûrs d'avoir des places pour les grandes affiches de championnat et de Ligue des champions, mais sèchent des rencontres moins prestigieuses.

UNE COMPÉTENCE PERDUE

Même lorsque le stade de la Porte de Saint-Cloud affiche (réellement) complet, il est dit qu'il ne propose plus qu'une ambiance morne et décevante. Loin du passé, mais aussi loin de ce que devrait susciter une équipe composée de tels joueurs et obtenant de tels résultats. Le phénomène a suscité l'irritation de certains joueurs, et la réaction du club qui essaie comme il le peut de tourner le bouton du volume : en organisant lui-même des tifos, en cherchant à apprendre aux spectateurs l'hymne des supporters, et même en engageant des prestataires d'ambiance (lire l'article de Clément Guillou). Des tentatives souvent pathétiques, et vaines, car on ne peut se passer aussi facilement, non seulement de la ferveur des supporteurs, mais aussi de leurs capacités d'organisation.

Même s'il est certainement bon enfant et participe à la "fête" désormais proposée, même s'il est en partie composé "d'anciens supporters", la transformation du public parisien a favorisé des attitudes de consommateurs. Il est devenu plus exigeant envers l'équipe qu'envers lui-même, se montre vite impatient. Si les dirigeants finissent par s'en alarmer, c'est parce qu'ils perçoivent le déficit d'image et de prestige occasionné, y compris auprès des joueurs. Peut-être même pressentent-ils qu'un public plus enflammé permettrait de glaner, à défaut d'un supplément d'âme qui ne les intéresse pas, quelques points supplémentaires. La contradiction entre le niveau de l'équipe et le soutien dont elle bénéficie est en tout cas frappante [1]

RETOUR AU PARC

Les éléments évoqués ci-dessus ne peuvent pas remplacer l'expérience subjective de l'ambiance, chacun pouvant, sur place, se faire une idée en fonction de ses propres références. Je suis revenu au Parc des Princes, que je n'avais pas visité depuis le début de l'ère QSI – après l'avoir fréquenté à différentes périodes au cours des trois décennies précédentes – à l'occasion de la demi-finale de Coupe de France contre Saint-Étienne. Un match particulier, qui peut en cacher d'autres : je ne prétends que restituer mes impressions.

Les premières sont visuelles. L'homogénéité des tribunes est étonnante, avec une continuité à 360° dans les gradins, sans plus de distinction nette entre les latérales et les virages. Les banderoles, les bâches, les grands drapeaux, sans parler des fumigènes ne marquent plus le territoire des kops. Quand les écharpes sont brandies, tendues entre les bras levés selon la tradition, elles sont clairsemées et disséminées. Une expression de la dispersion des supporters, dans et hors le stade, conséquence d'un placement aléatoire qui dissuade les regroupements. Les panneaux lumineux qui recouvrent sur toute sa longueur la rambarde entre les deux étages font d'ailleurs le trait d'union. Tout semble plus lisse avec les tapis synthétiques sur les parties non enherbées autour du terrain, l'habillage harmonisé des slogans officiels et des principaux sponsors.

CE QUI MANQUE

Les virages chantent, mais modérément, et le répertoire est limité. On récite les basiques ("Qui ne saute pas…", "Et ils sont où…", "On est en finale", "Zlatan Ibrahimovic" sur l'air de Go West, "Allez Paris, Où tu es, nous sommes là", etc.). L'acoustique du lieu se rappelle par moments : ceux des buts, des occasions, des noms de joueurs scandés ou des sifflets contre l'adversaire. Les clameurs d'exaspération sont étonnamment vives, mais aussi celles saluant de gestes beaux défensifs, comme des symptômes d'un certain enthousiasme. Les moments intenses n'atteignent toutefois pas le niveau de décibels de jadis, et surtout ils sont très sporadiques, interrompus de longues plages d'apathie que les relances des Ultras n'abrègent plus.

L'intensité a disparu en même temps que la tension qui électrisait l'ancien Parc des Princes, qui faisait parfois vibrer son béton quand les kops sautaient. Cette déperdition évoque l'aseptisation des stades anglais et de leur public gentrifié. Le Parc des Princes d'antan, avec sa violence visuelle et sonore, est mort. Celui d'aujourd'hui vit une existence plus placide. Son public agite les drapeaux qu'on lui distribue, suit sans protester les hausses de tarif, apprécie le spectacle. Plus conforme, au point de faire modèle, aux souhaits des gestionnaires du football actuel, il a un droit de cité très légitime, mais qui a été refusé à d'autres. Il occupe en partie un espace "libéré" par un programme d'expulsion et de répression des associations de supporters et de leurs membres, mis en œuvre sans discernement, avec des méthodes indignes et au mépris des libertés publiques [2].

Cinq ans après la mise en œuvre du plan Leproux, quoi que l'on pense de ses résultats, il manque au Parc des Princes quelque chose qui manque aussi au Paris Saint-Germain. Pour les supporters comme pour le reste, le nouveau PSG a du mal à établir un lien avec sa propre histoire.

[1] Rappelons cependant que les Ultras pouvaient être d'une certaine férocité à l'encontre de leur équipe quand elle était en difficulté.
[2] En collaboration entre les clubs, les instances sportives et les pouvoirs publics : interdictions administratives de stade, interdictions de déplacement, restrictions de circulation, refus de vente, établissement et usage de listes noires, etc.

http://latta.blog.lemonde.fr/2015/04/17/de...es-est-il-mort/


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Asa
posté 24/04/2015 08:40
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Pourquoi les Ultras restent sous haute surveillance

Les plus fervents supporteurs se plaignent régulièrement d’atteintes à leurs libertés.


VENDREDI DERNIER, au coup d’envoi de Nantes - Marseille (1-0), une banderole a été déployée dans la tribune Loire : « Je suis ultra et mes libertés sont bafouées en toute impunité ». De plus en plus d’ultras se plaignent d’un durcissement de la répression à leur encontre. Antoine Boutonnet, patron de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme, revient sur les dossiers chauds et répond aux attaques.

A-t-on empêché des Nantais d’aller à Saint-Etienne ?
Le 12 avril, des supporteurs nantais, en route pour Geoffroy-Guichard, auraient été empêchés, sur une aire d’autoroute, de rejoindre Saint-Etienne sans raison. Pour Antoine Boutonnet, la réalité est plus nuancée. « Compte tenu des risques avérés d’affrontement entre les supporteurs des deux clubs, un encadrement avait été organisé. Toutefois les supporteurs de la Brigade Loire ont préféré boycotter ces mesures prises pour garantir leur sécurité. Au point de rendez-vous défini par la préfecture au péage autoroutier, ils n’ont pas souhaité monter dans les cars affrétés par leur club et ont préféré rebrousser chemin. »

A-t-on évacué de force 50 Parisiens sans raison lors de PSG - Glasgow ?
Lors de la rencontre entre l’équipe féminine du PSG et Glasgow au Parc des Princes le 28 mars, une cinquantaine de personnes ont quitté le stade en plein match. Selon certaines versions, dès que des chants « Liberté pour les ultras » ont retenti en tribune, des stadiers sont intervenus. « Certains ont profité de ce match pour manifester aux abords du Parc, note Boutonnet. En parallèle, trois ou quatre supporteurs (NDLR : ceux qui auraient scandé les slogans revendicatifs) ont été évincés du stade, à bon escient, par les services de sécurité. Par solidarité, une cinquantaine de supporteurs ont souhaité quitter également l’enceinte sportive. » A en croire Boutonnet, le retour prochain des groupes de supporteurs au Parc n’est pas à l’ordre du jour. « Il me paraît périlleux et prématuré d’alléger le dispositif mis en place, estime-t-il. Car les antagonismes entre les anciens groupes de supporteurs demeurent prégnants. »

Les pouvoirs publics gèrent-ils correctement les incidents à Nice ?
Lors de Nice - Evian le 4 avril, le président du club, Jean-Pierre Rivère, a dû être évacué, menacé par des supporteurs qui souhaitaient entrer en tribune présidentielle. Pour Antoine Boutonnet, le problème est récurrent du côté de l’Allianz Riviera : « Ce stade a connu durant cette saison des problèmes. Ils sont en grande partie liés au service de sécurité interne, qui n’est manifestement pas adapté au comportement déviant d’une partie des supporteurs. Un travail doit être impérativement engagé au niveau de la formation et de l’entraînement des stadiers pour gagner en efficacité… » La Ligue, qui va étudier ce dossier le 29 avril, a décidé de fermer à titre conservatoire la tribune Sud de l’Allianz Riviera dès le prochain match.

Qui attise les tensions entre Saint-Etienne et Lyon ?
Les Stéphanois ont refusé dimanche dernier d’être limités à 600 dans le parcage visiteurs lors du derby à Gerland (2-0). Ils ont boycotté la rencontre et n’auront pas entendu un membre des Bad Gones les traiter de « parasites » au micro du… speaker de Gerland. Pour Boutonnet, le bon exemple ne vient certainement pas de certains dirigeants : « La situation est extrêmement tendue entre les soutiens des deux formations, confirme-t-il. Il serait souhaitable que les responsables des clubs cherchent à apaiser les esprits plutôt qu’attiser les rivalités… »

CHRISTOPHE BÉRARD


Le Parisien (24/04/2015)
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Asa
posté 28/04/2015 11:17
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« Fichier Stade » : l'exception parisienne

Depuis le 15 avril 2015, un arrêté signé du ministre de l'Intérieur officialise ce qui était déjà illégalement en place : La police peut " ficher " les supporters de foot à l'occasion des matchs du PSG et de toute manifestation sportive dans les départements de Paris, Hauts-­de­-Seine, Seine-Saint-­Denis et Val-­de-Marne. Un arrêté jugé liberticide envers les supporters parisiens. Réactions.


L'arrêté dénommé « Fichier Stade »? autorise la police à « mettre en œuvre un traitement automatisé des données à caractère personnel » et concerne les « personnes se prévalant de la qualité de supporter d'une équipe ou se comportant comme tel ». Aucun doute sur le public visé : les supporters du Paris-Saint-Germain, seul club cité en toutes lettres.

En pratique, donc, toute personne ayant un comportement de supporter du PSG lors d'un match à domicile ou à l'extérieur est susceptible d’être fichée par les autorités si son comportement présente « un risque » pour les autorités. Le préfet peut alors demander à la police de récolter des données sur cette personne, et même sur ses proches s'ils sont considérés comme « personnes entretenant ou ayant entretenu des relations directes et non fortuites avec l’intéressé ». Des données telles que : état civil, surnom, pseudonyme, nationalité, profession, signes physiques particuliers, activités publiques, blog, réseaux sociaux, immatriculation des véhicules, relations, ... la liste est longue. Ces données sont conservées cinq ans (trois ans pour les mineurs d'au moins 13 ans) « après l'intervention du dernier événement de nature à faire apparaître un risque d'atteinte à la sécurité publique ayant donné lieu à un enregistrement » (article 6). Jusque-là, un fichage assez classique, dirons-nous. Sauf que l'intéressé ne pourra pas faire valoir son « droit d'information et d'opposition » : autrement dit, il ne sera pas informé de la récolte de données à son encontre et n'aura pas non plus le droit de s'y opposer (article 9). Le droit d'accès aux données, lui, devra uniquement passer par la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL).

Celui qui est « fiché » ne le saura pas

La CNIL avait pourtant ouvert une enquête sur une liste noire déjà constituée par le club parisien (2 000 noms y auraient été inscrits) contenant des informations sur des supporters jugés indésirables (en plus de ceux interdits de stade). Une liste illégale qui devient donc légale par ce nouvel arrêté. Gérée par la police, il est prévu qu'elle puisse être transmise aux « associations et sociétés sportives, ainsi que les fédérations sportives agréées ». Vous avez bien compris, des fichiers contenant des informations personnelles récoltées par la police française, pourront être transmis à des sociétés privées comme le club du Paris Saint­Germain.

Le mystère demeure quant à la définition du « comportement supporter ». Parle-­t-­on de quelqu'un portant l'écharpe du PSG ? Quelqu'un qui applaudit après un but ? De Nicolas Sarkozy, Anne Hidalgo et des 4 000 VIP invités par le club ? Ou bien parle-­t-­on seulement de ces supporters acharnés et sanguinaires que sont les ultras (associés, à tort, aux hooligans) ? Il semble que la réponse soit oui et non. Oui, parce que ce sont bien les supporters les plus fervents qui seront visés par cet arrêté. Ceux qui s'opposent au foot business et qui entachent la " marque PSG " par des chants et des banderoles contestataires. Non, parce qu'une grande partie de ces supporters-­là ont depuis longtemps été virés des tribunes : les deux groupes ultra parisiens ayant été dissous en 2010 par les autorités.

Robin Leproux, président du PSG à l'époque, avait aussi instauré un plan de sécurité avec placement aléatoire dans les virages et quarts de virage du Parc des Princes. Insuffisant. Il fallait aussi s'attaquer à la billetterie. Les prix des abonnements ont augmenté de presque 100 % en quatre ans. Ils oscillent entre 430 et 2 700 euros pour la saison 2014­ - 2015 et augmenteront encore de 5 % la saison prochaine : une manière claire de « faire le tri ». Dans les tribunes, le PSG ne s'en cache plus : les groupes de supporters, qu'ils soient parisiens ou extérieurs, ne sont pas les bienvenus. Le Kop rouge, supporters de l'En Avant Guingamp, a ainsi fait savoir par un communiqué qu'il ne ferait pas de déplacement à Paris le 8 mai prochain : « Les dirigeants parisiens imposent des conditions d'accès drastiques aux supporters. (...) Au-delà du prix exorbitant de la place (40 euros), il nous est impossible d'organiser un soutien optimal à nos joueurs. En effet, aucun drapeau, aucun mégaphone et aucun tambour ne sont admis dans l'enceinte parisienne. »

« Le PSG veut sélectionner son public »

Et l'on se dit que Bernard Cazeneuve et Nasser Al-­Khelaïfi (président du club) ont décidément bien réussi leur coup. Selon Nicolas Hourcade, sociologue à l'École Centrale de Lyon, spécialiste des supporters de foot : « Il faut être clair, si l'objectif est bien de lutter contre la violence et le racisme dans les stades, cet arrêté n'apporte rien par rapport à l'existant ». D'autant que l'État français a déjà développé un arsenal en matière de surveillance : installation de caméras à l'intérieur et en dehors des stades, fouille systématique, contrôle d'identité, renforts de police pour certains matchs jugés « à risque »... Si une personne commet des violences – le terme est entendu de manière très large puisque cela concerne aussi bien le jet de fumigènes, cas majoritaires, que des dégâts matériels ou de la violence physique – elle peut être interdite de stade. Une interdiction qui va au-delà du simple fait de ne pouvoir s'installer en tribune : il faut en plus se présenter au poste de police avant et après le match. « Ce ne sont plus la violence ou le racisme qui sont visés, ajoute Nicolas Hourcade, mais les supporters contestataires qui critiquent la politique et la gestion du club. Le PSG veut sélectionner son public. Pourquoi pas, mais les pouvoirs publics n'ont pas à se mettre au service du club et à changer la loi pour cela. » Sous couvert de lutte contre la violence dans les stades c'est bien une lutte pour la préservation de la " marque PSG " qui se joue ici, en dehors de toute discussion. « Il faudrait discuter de la politique de lutte contre le hooliganisme, en perspective notamment de l'Euro 2016, conclut­il. Comme pour la loi sur le renseignement, la conciliation entre impératifs de sécurité et respect des libertés se pose. Mais, dans le cas des supporters, il n'y a quasiment aucun débat, alors que les dispositifs vont bien au-delà de ce qui est nécessaire pour gérer le hooliganisme. »

Saisine du Conseil d'Etat

18 585 956 mentions "j'aime" sont comptabilisées sur la page Facebook officielle du PSG... Ça en fait des personnes susceptibles d'être fichées ! Certainement la raison de l'actuelle levée de boucliers de nombre d'associations qui ont contacté Pierre Barthélémy, avocat au barreau de Paris, afin de déposer un recours contre cet arrêté : "Je suis très inquiet de voir que ça couvre toutes les activités publiques des supporters et toutes les personnes avec qui ils entretiennent des contacts "non fortuits". Les termes vagues utilisés font craindre une utilisation abusive. Le recours sera déposé pour l'ADAJIS(1). Nous allons saisir le Conseil d'Etat en référé, afin de suspendre l'arrêté dans l'urgence, et au fond, pour le faire annuler le temps que le juge instruise le dossier."

On attend donc le "match-retour".

(1) Association de défense et d'assistance juridique des interdits de stade


Bakchich (27/04/2015)
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Alambert
posté 15/05/2015 20:04
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http://www.franceculture.fr/emission-le-ma...gans-2015-05-15

C'était très intéressant : à écouter.


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Alambert
posté 10/06/2015 12:00
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http://www.cnil.fr/linstitution/actualite/...e-psg-football/


Citation
En effet, le PSG FOOTBALL ne s’est pas borné à gérer la liste des interdits de stade à l’intérieur du cadre légal, mais a décidé d’exclure les personnes faisant l’objet de ces mesures, après l’expiration de celles-ci, pendant une durée au moins équivalente. Cette pratique a ainsi conduit la société, a minima, à doubler la durée d’un dispositif d’interdiction de stade pourtant prévu par la loi.

Cette pratique du PSG FOOTBALL est donc intervenue sans aucune base légale et en méconnaissance des autorisations délivrées par la CNIL. C’est la raison pour laquelle la Présidente de la CNIL a décidé d’adopter une mise en demeure à l’encontre de la société afin que celle-ci se conforme à la loi.

Afin d’appeler l’attention des organismes sportifs sur le dispositif légal encadrant les exclusions des personnes des stades et d’informer le public de ses droits en la matière, dont les plaignants ayant saisi la CNIL, cette mise en demeure est rendue publique.

La CNIL rappelle qu’une telle mise en demeure n'est pas une sanction. En effet, aucune suite ne sera donnée à cette procédure si la société se conforme à la loi dans le délai imparti d’un mois. Dans ce cas, la clôture de la procédure fera également l'objet d'une publicité.

Si le PSG FOOTBALL ne se conforme pas à cette mise en demeure dans le délai imparti, la Présidente pourra désigner un rapporteur qui, le cas échéant, pourra établir un rapport proposant à la formation restreinte de la CNIL, chargée de sanctionner les manquements à la loi « informatique et libertés », de prononcer une sanction à l’égard de la société.


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grincheux
posté 26/10/2015 14:13
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http://www.slate.fr/story/108641/violences...ique-repressive

Citation
Aux abords des stades de foot, les incidents s’enchaînent en ce début de saison. De quoi s’interroger sur les résultats de la politique de répression française, à huit mois de l'Euro 2016.

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suppparis
posté 23/05/2016 12:08
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http://www.rtl.fr/sport/football/video-cou...gene-7783340310

Citation
Michaël Youn est-il allé trop loin? C'est la question qui peut se poser ce dimanche 22 mai. L'ex trublion du "Morning Live" ne s'en cache pas, c'est un passionné de football et fervent supporter du Paris Saint Germain dont il ne manque presque jamais aucun match à domicile. Aussi, il n'était pas question pour le comédien de rater la finale de la Coupe de France qui opposait hier, samedi 21 mai, son club de cœur à l'Olympique de Marseille.
Et pour célébrer l'énième victoire du PSG (4 buts à 2), qui n'en finit plus de tout rafler sur la scène hexagonale, le turbulent joyeux drille a carrément allumé un fumigène au milieu du virage parisien, ce qui lui a valu d'être chaudement acclamé par le public. Le service de sécurité est ensuite intervenu et a expulsé le trublion du PAF.
Selon les informations du Parisien, le comédien devrait être interpellé par la police dans les prochaines heures pour ce geste répréhensible. Comme n'importe quel supporter lambda, le comédien pourrait être interdit de stade pendant un bon moment...


Putain la charte 12 !!! lepoux.jpg

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Miles
posté 23/05/2016 12:10
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Il avait signé le truc lépreux d'ailleurs ? laugh.gif
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Amo
posté 23/05/2016 22:36
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En première ligne pour la signée ce bolos.
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Conyk
posté 16/06/2016 13:41
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Revue Métropolitiques, dans le cadre d'un dossier sur le thème : Le football en rénovation : quels stades pour quelles villes ? http://www.metropolitiques.eu/Le-football-...tion-quels.html

L'article ci-dessous : http://www.metropolitiques.eu/Ici-c-etait-Paris-Comment.html

Citation
« Ici, c’était Paris » ? Comment concilier sécurité, liberté et ambiance au Parc des Princes
Par Nicolas Hourcade, sociologue.

Les évolutions récentes du Parc des Princes incarnent la transformation en cours du spectacle de football et notamment la tendance à l’éviction des stades des classes populaires. Nicolas Hourcade analyse ces évolutions à l’aune de l’histoire du public du Paris Saint-Germain et invite à envisager les modes de gestion des stades et des supporters comme un véritable enjeu démocratique.

Depuis que le Paris Saint-Germain (PSG) s’est installé au Parc des Princes en 1974, deux ans après son inauguration, ce stade a connu une trajectoire contrastée. Il a ainsi fallu une quinzaine d’années pour qu’il se remplisse régulièrement de supporters durablement attachés au club parisien et pour que les fans les plus engagés, pour l’essentiel des jeunes, s’approprient les tribunes et y créent une ambiance passionnée. Au cours des décennies 1990 et 2000, celui que l’on appelle le « Parc » a vibré au rythme des chants et des animations des supporters, tout en étant marqué par des débordements violents et racistes. Enfin, depuis 2010, le PSG et les pouvoirs publics y ont créé un nouvel ordre, en luttant fermement contre la violence, en contrôlant étroitement les publics et en transformant le match de football en un spectacle haut de gamme. Alors que l’aseptisation de l’ambiance commence à susciter des inquiétudes au sein même du club et que la tendance à l’éviction des classes populaires est de plus en plus soulignée par les observateurs, est-il possible d’envisager un nouveau Parc des Princes, conciliant sécurité, liberté, ambiance et mixité sociale ? Dans quelle mesure ce stade constitue-t-il un modèle, ou un contre-modèle, pour les acteurs du football français, qui conçoivent le championnat d’Europe de football 2016 comme une occasion de rénover plus largement le spectacle de ce sport ?

Rénovation des stades et du spectacle du football

L’Euro 2016 s’inscrit, en effet, dans le cadre d’un projet plus large des autorités sportives et publiques françaises de transformation du football qui n’existait pas lors du Mondial 1998, la dernière grande compétition internationale de football organisée en France. L’Euro se déroulera dans dix stades, comme le Mondial ; quatre nouvelles enceintes ont été construites dans la perspective de ce tournoi, à Bordeaux, Lille, Lyon et Nice, contre une seule pour le Mondial, le Stade de France. À l’exception de l’enceinte dionysienne, les cinq autres stades de l’Euro ont été rénovés, souvent significativement. Mais la France ne s’est pas lancée dans un tel chantier pour accueillir la compétition ; au contraire, elle s’est portée candidate à son organisation afin de pouvoir accélérer le renouvellement de son parc de stades.

Un nouveau modèle de stade s’est en effet imposé à l’échelle européenne à la fin des années 1990. Ses caractéristiques sont de proposer des prestations de meilleure qualité, des conditions d’accueil plus confortables, une excellente visibilité, une meilleure acoustique, une large gamme de services, des mégastores déclinant les produits dérivés du club, une part plus importante de places réservées aux VIP… Ainsi, l’objectif est non seulement d’offrir aux spectateurs une « expérience » plus intense, mais aussi de permettre aux clubs un élargissement de leur public (plus familial, mais aussi plus fortuné), de la consommation au stade et de leurs ressources. Cette nouvelle manière de penser le stade résulte de deux principaux facteurs. D’une part, les cahiers des charges fixés par les institutions footballistiques internationales pour accueillir leurs événements sont de plus en plus stricts. D’autre part, la création de la Ligue des champions, l’explosion des droits de retransmission télévisée, grâce à l’essor de chaînes sportives payantes, ou encore l’arrêt Bosman, qui a libéralisé les transferts de joueurs dans l’espace européen ont conduit au développement, dans les années 1990, d’une nouvelle économie du football à l’échelle européenne, voire mondiale. L’Angleterre a été la première à suivre cette voie (Mignon 2000), tant pour tourner la page du hooliganisme et des drames liés à la vétusté de ses stades que pour s’adapter à cette nouvelle donne économique. À son tour, l’Allemagne a rénové ses stades et son football dans le cadre de la Coupe du monde 2006. Aussi, c’est pour combler ce qu’elles considéraient comme un « retard » par rapport aux grands pays voisins que les autorités sportives et publiques françaises ont souhaité organiser l’Euro 2016.

La rénovation en cours du football, c’est donc d’abord celle des stades, mais c’est aussi celle du spectacle en lui-même (qui ne se restreint plus au match, de multiples autres animations étant proposées aux spectateurs) et des publics.

Pendant 25 ans, un Parc de bruit et de fureur

Des neuf villes de l’Euro 2016 disposant d’un club professionnel (ce qui exclut Saint-Denis), c’est à Paris que le stade a le moins changé, ne connaissant que de légers aménagements intérieurs alors que les autres rénovations à Lens, Marseille, Saint-Étienne et Toulouse ont bouleversé la physionomie des tribunes. Paradoxalement, c’est aussi à Paris que la manière de concevoir et de consommer le spectacle du football a le plus évolué ces dernières années.

Si, à ses débuts, le PSG peine à se trouver un public, le cercle de ses supporters s’élargit rapidement, sous l’effet de bons résultats et de l’appropriation progressive du club par une partie de la jeunesse parisienne, attirée par des tarifs attractifs. Parmi ceux qui s’installent alors dans la tribune Boulogne, l’Angleterre, avec ses sous-cultures juvéniles et sa passion pour le football, constitue un modèle. Peu à peu, cette tribune située derrière les buts et qualifiée à l’anglaise de « kop » devient un lieu de soutien actif au club. Mais Boulogne se caractérise aussi très vite par la violence et le racisme d’une partie de ses occupants (Broussard 1990). Au début des années 1990, des supporters souhaitant créer une autre dynamique s’implantent dans la tribune d’en face, Auteuil. Bénéficiant du soutien de la direction du PSG, des groupes s’inspirant des « ultras » italiens s’y développent rapidement. Appelée à l’italienne « virage » par ses habitués, Auteuil est principalement marquée par le style structuré et spectaculaire des ultras, qui forment des associations s’investissant passionnément dans le soutien à leur club, au point de provoquer parfois des incidents. Quant au kop de Boulogne, il suit les modes anglais de supportérisme, associant groupes de fans spontanés et bandes de hooligans centrées sur la recherche systématique de la violence (Mignon 1998 ; Hourcade 2015a). Ces modes d’investissement donnent au Parc une physionomie particulière dans les années 1990 et 2000. L’atmosphère fervente, prise en charge par les groupes de supporters eux-mêmes, en était la principale caractéristique : chants permanents, roulements de tambours, animations colorant le virage et le kop à l’entrée des joueurs, drapeaux, banderoles géantes, fumigènes… Selon un avis largement répandu parmi les amateurs de football, le Parc a bénéficié pendant une vingtaine d’années de la meilleure ambiance de France, grâce aussi à son acoustique unique.

La puissance et le caractère revendicatif des groupes de supporters constituaient une deuxième spécificité. Très attachés à leur tribune, dont ils estimaient être en quelque sorte les « propriétaires », ces groupes développaient leurs propres pratiques dans les gradins, ce que symbolisaient les nombreux graffitis ornant les murs des coursives. Se considérant comme l’âme du club, ils affirmaient leur autonomie de pensée par rapport aux joueurs et aux dirigeants, qu’ils n’hésitaient pas à critiquer ouvertement en cas de mécontentement.

Troisièmement, cet esprit critique des supporters et, plus encore, la violence et le racisme qui se manifestaient en particulier à Boulogne entretenaient un climat de tension. L’agressivité des hooligans débouchait régulièrement sur des incidents dans les gradins et à ses abords, avec les supporters étrangers (peu de fans français osant « défier » Boulogne) et surtout avec les forces de l’ordre. De plus, en raison du racisme affiché de certaines franges de Boulogne, cette tribune a progressivement été réservée de fait aux Blancs. Si les tentatives de récupération politique n’ont pas vraiment été couronnées de succès, Boulogne est devenue un lieu de ralliement pour une partie de la jeunesse parisienne hostile à la figure des « racailles » des cités populaires. À Boulogne et à ses alentours, il était possible de manier publiquement un humour plus ou moins douteux, de scander des slogans nationalistes ou favorables au Front national, voire, pour les plus radicaux, de commettre des agressions racistes. Boulogne était ainsi connue dans la région parisienne, et même dans tout le pays, comme une zone où les « fachos » faisaient la loi (Hourcade 2015b). De leur côté, les supporters d’Auteuil ont longtemps fait profil bas face au kop, avant de revendiquer de plus en plus nettement dans la décennie 2000 leur cosmopolitisme et, pour une partie d’entre eux, leur antiracisme. Ces conflits politiques, associés à des rivalités plus classiques dans le monde des supporters de suprématie d’une tribune par rapport à l’autre, ont débouché sur des périodes de violences récurrentes, entrecoupées d’accalmies, entre certaines franges des deux tribunes.

Ainsi, loin d’être simplement un lieu de spectacle sportif, le Parc des Princes constituait, les soirs de matches, un espace de communion, de fête, d’excès, voire de violence pour certaines parties de la jeunesse francilienne : malgré la présence de forces de l’ordre privées et publiques, les tribunes d’Auteuil et de Boulogne étaient largement autogérées. Le Parc était aussi un lieu de conflit, où s’opposaient deux conceptions de l’identité parisienne et francilienne : une identité nationaliste, ancrée notamment dans l’Ouest parisien, face à une identité multiculturelle, issue des quartiers populaires de l’agglomération, mais rassemblant bien au-delà.

Depuis 2010, un Parc assaini, aseptisé et contrôlé

Au printemps 2010, après la mort d’un supporter dans des incidents entre Boulogne et Auteuil, les pouvoirs publics et le club mettent en place un plan radical d’assainissement de la situation. Au plan national, la législation sur la sécurité des manifestations sportives est renforcée, tandis que l’action répressive à l’encontre des supporters est amplifiée. À Paris, les deux mesures principales sont la dissolution des principaux groupes d’ultras d’Auteuil et bandes de hooligans de Boulogne, associée à de nombreuses interdictions de stade individuelles, et l’instauration d’un placement aléatoire dans ces deux tribunes. La tribune de Boulogne est désormais ouverte aux individus de toutes origines, tandis que la violence a quasi disparu du Parc et de ses alentours. Avec l’arrivée à la tête du club de riches actionnaires qataris en 2011, le PSG a conservé ce plan tout en mettant en œuvre un projet de transformation plus globale du spectacle et des publics, en adéquation avec le modèle du stade moderne. Une image haut de gamme, en phase avec celle de la capitale, est désormais mise en avant : stars sur le terrain et dans la tribune officielle, hausse drastique du prix des billets, forte augmentation du nombre de places VIP, nouvel habillage de l’intérieur du stade, disparition de tous les groupes de supporters au profit de clients individuels, prise en charge de l’animation par le club lui-même, tri parmi les supporters conduisant à refuser l’accès à des individus non interdits de stade mais perçus comme dangereux ou contestataires… Pour justifier ces mesures, les dirigeants parisiens revendiquent leur droit à « choisir leur public » et soulignent que le prix des billets correspond à celui des grands spectacles de la région parisienne (concerts, théâtre, opéra…) ou des meilleurs clubs de football européens. Le spectacle d’un match au Parc ressemble dès lors à celui des franchises professionnelles américaines, fondé sur une maîtrise de l’ambiance par les organisateurs, une variété d’animations et d’offres de consommation, et une individualisation des publics. D’ailleurs, comme dans les enceintes nord-américaines de sport professionnel ou dans les grands stades anglais, les touristes spectateurs sont désormais nombreux.

La politique de reprise en main du Parc ne s’est donc pas contentée de lutter contre la violence et le racisme : elle a aussi consisté en une réappropriation des tribunes par le club et les pouvoirs publics. Les tags des supporters ont été effacés ; les slogans critiques envers le club et les joueurs sont désormais bannis ; il est devenu risqué de consommer du cannabis ; il est même interdit de fumer dans les tribunes. Le maître-mot est celui de contrôle : contrôle des flux autour du stade, grâce à des parcours sécurisés et balisés selon la tribune dans laquelle le spectateur se rend ; contrôle d’identité à l’entrée des tribunes ; contrôle du comportement des supporters, en particulier derrière les buts, caractérisé par les rondes incessantes des stadiers. L’atmosphère est tellement apaisée qu’elle en est devenue aseptisée : à l’exception des grandes occasions, l’ambiance est tiède au point que les joueurs et dirigeants se plaignent régulièrement de ce manque de ferveur. Si presque toutes les places sont vendues à chaque match, de nombreux abonnés ne se rendent pas aux rencontres mineures puisqu’il n’y a pas d’enjeu sur le terrain et que les tribunes n’offrent plus un spectacle attractif, alors qu’elles pouvaient en elles-mêmes attirer le public dans les années 1990 et 2000.

Peut-on envisager un autre modèle ?

Cette transformation radicale du Parc des Princes soulève une série de questions liées entre elles. Premièrement, la lutte contre le hooliganisme passe-t-elle nécessairement par la disparition des groupes de supporters et l’éviction des publics les plus fervents ? Non. Il n’existe pas une méthode unique pour s’opposer aux violences et au racisme des supporters, mais au contraire plusieurs approches, qui varient selon la manière de concilier impératifs de sécurité et respect des libertés. Pendant des années, les autorités françaises ont laissé beaucoup de libertés aux supporters parisiens les plus extrêmes, avant d’opérer un tournant sécuritaire radical, en appliquant les principes de « précaution » et de la « tolérance zéro ». Le Parc des Princes est l’emblème de cette méthode, laquelle a fréquemment recours aux interdictions de déplacement pour les supporters visiteurs dès qu’un match est considéré comme présentant un « risque », et dont la conséquence est une restriction à la fois des libertés et de l’ambiance des stades. Dans d’autres pays, comme l’Allemagne, les pouvoirs publics s’efforcent de limiter les débordements violents et racistes tout en préservant l’atmosphère festive des stades. Outre-Rhin les affluences sont bien supérieures, les prix demeurent accessibles dans les tribunes populaires, l’ambiance est beaucoup plus intense, les déplacements ne sont pas interdits et les stades sont quand même sécurisés. L’objectif est-il de rapprocher l’ambiance d’un stade de football de celle d’un opéra, comme à Paris ? Les modes de gestion des supporters dépendent de la manière de considérer la place du stade dans la société : ils ne constituent pas seulement un enjeu technique, mais bien aussi politique.

Deuxièmement, le modèle du Parc des Princes est-il exportable ailleurs en France ? Difficilement. Il est principalement justifié par une situation antérieure singulière par sa gravité. Le PSG présente, de plus, la double particularité d’être situé dans un bassin de population de plus de dix millions d’habitants dont une partie bénéficie de revenus importants, et d’avoir un actionnaire lui permettant d’aligner des stars sur le terrain. Les autres clubs français n’ont, pour l’instant, pas les moyens d’acheter des vedettes et, même s’ils les avaient, ils ne pourraient pas augmenter de manière aussi forte le prix des places : ils ne pourraient tout simplement pas remplir leur stade ! Soutenu par le ministère de l’Intérieur, regardé initialement avec intérêt, le modèle parisien n’est aujourd’hui plus sérieusement envisagé par les dirigeants des clubs français, lesquels tiennent à préserver l’ambiance de leur stade et sont de toute façon conscients qu’ils n’ont pas un réservoir de fans suffisants pour écarter une grande part de leur public traditionnel comme l’a fait le PSG.

Troisièmement, la « disneylandisation » des stades, brocardée par Christian Bromberger (2016), représente-t-elle l’inévitable destinée du spectacle du football ? Non. Certes, les promoteurs de ce sport sont dans une position fortement dominante pour imposer leurs principes. Mais certains amateurs de football résistent à ces évolutions : en sifflant un concert avant une finale, en se rassemblant dans les virages, y compris dans les escaliers, pour faire corps, en se structurant localement ou nationalement pour défendre les principes d’un autre football, accessible à tous et accordant des marges de libertés aux supporters… Des artistes, comme le rappeur Jazzy Bazz, dans son morceau « Rendez-nous le Parc ! », ou des journalistes et intellectuels viennent en soutien pour défendre un football « populaire ». Aussi, de la capacité des supporters à s’organiser collectivement et à porter un discours clair – rompant notamment avec la violence et les discriminations – dépendra dans une large mesure l’évolution des stades.

Corrélativement, celle-ci sera aussi dépendante de ce que proposeront les dirigeants du football et de la manière dont ils intégreront les différentes attentes de leurs publics. Face aux difficultés à transposer le modèle parisien et aux problèmes qu’il pose, les clubs français envisagent des alternatives. Dès lors, c’est un autre Parc qui pourrait servir de modèle : le Parc Olympique lyonnais, inauguré en janvier 2016. Celui-ci présente toutes les caractéristiques d’une enceinte moderne tout en s’inscrivant dans l’histoire du club, mise en valeur dans les voies d’accès et dans l’architecture du stade, et en accordant une place importante aux groupes de supporters, que le président lyonnais Jean-Michel Aulas compare volontiers à des « syndicats » avec lesquels il convient d’entretenir un dialogue social constructif. Alors que le PSG suit le modèle des grands clubs anglais et des franchises américaines d’un stade haut de gamme, aux prix élevés, à l’ambiance feutrée et au public homogène, l’OL privilégie celui des stades allemands, rassemblant différents publics et proposant aussi bien des gradins debout à l’ambiance fervente que des espaces familiaux plus calmes ou des secteurs réservés aux VIP. Le stade moderne ne conduit donc pas nécessairement à la disparition de l’ambiance et des groupes de supporters : au contraire, les fans lyonnais se réjouissent de l’acoustique de leur nouveau stade et de la possibilité qui leur est laissée d’animer les gradins.

Finalement, le Parc des Princes ne peut-il être qu’un Parc de bruit et de fureur, avec beaucoup d’ambiance mais aussi de violence, ou un Parc sans violence, mais sans ambiance et hyper contrôlé ? Sans doute pas. Mais pour transformer de nouveau le Parc, il faudrait créer des conditions favorables, en renouant le dialogue entre le club et ses supporters et en considérant le stade comme un espace de démocratie et de mixité dans lequel les droits et devoirs des différents acteurs peuvent être collectivement débattus.

Bibliographie

Bromberger, Christian. 2016. « Le football, entre fierté urbaine et déterritorialisation. Quelques réflexions à partir du cas marseillais », Métropolitiques, 23 mai.
Broussard, Philippe. 1990. Génération supporter. Enquête sur les ultras du football, Paris : Robert Laffont.
Hourcade, Nicolas. 2015a. « Transformations du supportérisme et de l’ordre des stades en France », in Zoudji, Bachir et Rey, Didier (dir.), Le Football dans tous ses états. Évolutions et questions d’actualité, Louvain-la-Neuve : De Boeck, p. 311‑320.
Hourcade, Nicolas. 2015b. « Les expressions racistes des supporters de football français depuis les années 1980 », in Boli, Claude, Clastres, Patrick et Lassus, Marianne (dir.), Le Sport à l’épreuve du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en France, Paris : Nouveau Monde Éditions, p. 105‑116.
Mignon, Patrick. 1998. La Passion du football, Paris : Odile Jacob.
Mignon, Patrick. 2000. « “Footballisation” de la politique ? Culture du consensus et football en Grande-Bretagne », Politix, vol. 13, n° 50, p. 49‑71.
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Homer
posté 16/06/2016 19:30
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COMMUNIQUE DU CLUB : LE CONSEIL D’ETAT TRANCHE EN FAVEUR DU PARIS SAINT-GERMAIN

Par deux arrêts du 13 juin 2016, le Conseil d’Etat a mis fin au litige qui opposait depuis plusieurs années la CNIL au Paris Saint-Germain à propos du traitement des données des supporters. Il a donné raison au club.

Par une première décision, le PSG Football et le PSG Handball ont obtenu l’annulation par le Conseil d’Etat des deux mises en demeure de la CNIL qui leur interdisaient de traiter les données relatives aux interdictions de stade et leur enjoignaient de déposer des demandes d’autorisation. Le Conseil d’Etat a considéré que les agents de la CNIL avaient outrepassé leurs pouvoirs en prenant connaissance de fichiers qu’ils n’étaient pas habilités à contrôler. Le vice affectant la procédure de la CNIL est jugé suffisamment grave par le Conseil d’Etat pour entrainer à lui-seul l’annulation des mises en demeure sans que le Conseil d’Etat n’ait eu besoin de se prononcer sur le fond. La CNIL est en conséquence condamnée à verser 5000€ d’indemnité au PSG.

Par un second arrêt du même jour, le Conseil d’Etat a apporté une précision importante en considérant que si la CNIL avait pu interdire au PSG de traiter les données nominatives des supporters mentionnant des sanctions ou procédures pénales, elle ne pouvait interdire au PSG de traiter les données nominatives relatives aux violations du règlement intérieur n’ayant pas été réprimées pénalement.

Le Conseil d’Etat a précisé que la délibération de la CNIL ne saurait « avoir pour effet de lui interdire de prendre en compte des violations des dispositions de son règlement intérieur ».

Le Conseil d’Etat valide ainsi la position du PSG qui considérait que les manquements des supporters aux conditions générales de vente et au règlement intérieur pouvaient entraîner des conséquences juridiques dans ses relations contractuelles avec ses clients.

PSG.fr


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