Entretien Culture PSG.com – Au Parc avec Bérangère SapowiczC’est au Parc des Princes, une fois n’est pas coutume, que CulturePSG.com est reçu, dans l’espace réservé aux Trophées remportés par notre club, que Bérangère Sapowicz, gardienne de buts de l’équipe première Parisienne et de l’équipe nationale, nous reçoit (après quelques instants d’attente et un peu de retard de notre part) pour un long échange où beaucoup de sujets ont été évoqué. La section, le foot féminin, l’équipe de France, le championnat, tout ou presque…Bérangère, merci de nous recevoir içi, beaucoup de souvenirs qui remontent en voyant ces trophées…Bérangère Sapowicz : C’est un plaisir.
Vous êtes une des joueuses les plus anciennes de l’effectif, depuis combien de temps êtes-vous au PSG ?Je suis arrivée en septembre 2002. Je jouais à Evreux, qui évoluait en deuxième division, comme le PSG à l’époque. Dans le cadre de ma formation au Centre National de Formation de Clairefontaine (NLDR : C.N.F.E.), qui s’effectue en trois ans, j’avais déjà passé mes deux premières années et lors du dernier cycle, il nous est demandé de rejoindre un club de première division.
Le PSG étant la solution de proximité, avec la Normandie ou je vivais, et le fait de débuter des études à Paris.
Quelles ont été les démarches qui ont permis cette arrivée ? Le PSG est-il venu vous chercher ? Avez-vous contacté le PSG ?Ce sont les deux. Je connaissais bien l’entraineur de l’époque. Evreux avait joué contre le PSG en D2, nous avions de bons rapports entre les deux équipes. Et dans le football féminin, cela va assez vite, si une joueuse veut partir, elle se retrouve vite contactée par l’entraineur intéressé…
Vous intégrez le club en 2002, le club vient de monter, quels sont les moyens, les objectifs de l’époque ?Le club venait tout juste de monter en D1, et il fallait rester à ce niveau dans un premier temps, puis tenter d’atteindre le milieu de tableau en se mettant à l’abri d’une éventuelle descente.
Puis vers la fin des années 2000, le PSG a pris une autre dimension dans le football féminin, avec le projet porté par Brigitte Henriques-Olive (qui est maintenant vice-présidente à la FFF, chargée du foot féminin), l’arrivée de Sonia Bompastor, Camille Abily, puis Katia la saison suivante dans le groupe des joueuses, l’objectif, l’attente a changé autour de l’équipe féminine ?Depuis 2002, le club n’a cessé d’évoluer, d’années en années. Même avant l’arrivée de Brigitte Henriques-Olive. A mon arrivée, il n’y avait qu’un entraineur. Et au fur et à mesure, un autre entraineur a pu intégrer le staff, puis un entraineur des gardiens, puis un docteur, puis un kiné (NLDR : Le Dr Cascua et Cédric Dupuis). Tous les ans, le staff s’étoffait et l’arrivée de Brigitte a fait bouger pas mal de choses. La mise en place d’un projet de développement sur trois ans. Un projet de jeu, un gros recrutement, puisqu’à cette époque, le club a recruté Elise Bussaglia et d’autres bonnes joueuses, puis Bompastor et Abily, venues lors de la trêve du Championnat Américain, cela nous a grandement aidé. Le fait que le club ait aussi accepté que les deux "américaines" ne viennent que six mois. Nous avons gardé cette dynamique, et le club a continué, encore cette année, en recrutant des joueuses de bon niveau, comme Kenza Dali, Solène Barbance et Delphine Blanc, qui a joué dans les grands clubs français, avec l’expérience de la Ligue des Champions et de l’équipe de France, puis Allie Long et Ella Masar. Toujours dans l’objectif de progresser, de se maintenir au plus haut niveau. Nous avons été dans une période ou nous jouions le ventre mou, une autre, le maintien, mais désormais, la question est de se qualifier pour la Ligue des Champions, et si nous pouvions atteindre le titre, nous ne nous en priverons pas. Ce sera bien plus dur, mais les objectifs sont de se qualifier pour l’Europe, remporter la Coupe de France Féminines et aller le plus loin possible en Coupe d’Europe.
L’an dernier, l’équipe se qualifie, un peu héroïquement, à la suite du match contre Montpellier (victoire 1-0, but sur pénalty à la dernière minute, lors de la dernière journée du Championnat) pour la Ligue des Champions, une première pour le club. Vous vous retrouvez dans une position particulière, puisque vous êtes qualifiés, mais à la suite d’une Coupe du Monde intéressante en Allemagne avec la France, vous vous blessez, ce qui vous laisse sur la touche. Comment l’avez-vous vécu ?Très dur. Sur un plan personnel, je ne pense pas avoir réussi une grande performance à la Coupe du Monde. Prendre un rouge contre l’Allemagne en poules (défaite 4-1), rater le quart contre l’Angleterre, je pense ne pas avoir fait le meilleur match non plus contre les États-Unis, je pourrais dire que je suis passé à travers, et je me blesse à la cheville contre la Suède. Pas franchement bon pour le moral, d’un point de vue personnel. Ça a été vraiment très dur, et en plus, lors de ma rééducation, une blessure au coude vient se réveiller, un retour reporté du coup, pour revenir dans le groupe en novembre seulement, puis retour sur le terrain ce dimanche dernier contre Soyaux (victoire 2-0, et un beau plongeon pour Bérangère). Vraiment dur cette période pour moi, maintenant, pour l’équipe de France, c’est une très belle période, nous n’étions pas attendu, une belle performance. Personne quasiment ne savait que nous participions à la Coupe du Monde, on termine quatrièmes, on a pratiqué un beau football… Pour l’image du foot féminin, c’est bien. Et cela continue, puisque nous avions été bien reçues à Lens, pour un match amical contre la Pologne, après la Coupe du Monde, mais aussi en Martinique et en Guadeloupe, lors de la tournée amicale en novembre. L’engouement déclenché à la Coupe du Monde est toujours présent, il continue et on espère, avec les Jeux Olympiques qui arrivent, que cela va continuer, avec l’apport des médias.
L’Équipe de France va jouer les Jeux en été. Vous revenez de blessure, pensez-vous, malgré tout, revenir dans le groupe, ou des filles comme Céline Deville (Lyon) ou Lætitia Philippe (Montpellier) ont pris la place de titulaire ? Pensez vous revenir dans le groupe avant les J.O., on pense au Tournoi de Chypre par exemple ?Je suis resté en contact avec le sélectionneur, pour savoir quel est mon état, en donnant quelques nouvelles aussi. Il prendra sa décision, en voyant l’état de forme des gardiennes. Après, je peux me retrouver convoquée dans un stage, et ne pas y être au prochain, ou me retrouver aux Jeux sans être retenue de l’année…C’est son choix.
Vous pensez avoir le potentiel pour revenir dans le groupe des Jeux Olympiques ?Ayant participé à la Coupe du Monde, quand tout va bien, oui, je pense être dans ce groupe. Maintenant, je viens de passer six mois sans jouer quasiment. Mine de rien, cela commence à faire beaucoup, des repères qui se perdent facilement, autant sur la technique, j’arrive à bien prendre la balle, plonger, autant sur le reste, il faut jouer.
Du coup, votre blessure a engendré l’arrivée de Véronique Pons, qui était remplaçante à Lyon. Les conditions d’entrainement n’étant pas les mêmes, plus idéales. Sa demande d’intégrer des entrainements spécifiques aux gardiennes favorise-t-elle votre progression au sein de l’équipe ?C’est très bien. C’est même très rare de trouver dans un club de Division 1 les conditions d’entrainement que nous avons mis en place cette année. Aux quatre entrainements de groupe de la semaine, s’ajoutent deux entrainements spécifiques le matin. Avec Véronique (NLDR : puisque les deux autres gardiennes travaillent dans le privé), et l’entraineur des gardiens. Avec mes horaires de travail aménageables et le temps libre de Véronique, qui vit de sa passion, nous nous entrainons, et cela m’a permis de retrouver un niveau intéressant plus rapidement.
Sentez-vous une différence de progression en comparant les saisons précédentes sans ces séances et les six derniers mois, bien que vous vous retrouviez blessée ?La différence ne se joue pas sur la progression. Dans une séance de groupe, la gardienne ne touche que très peu le ballon. Les filles sont quand même souvent maladroites devant le but, on le voit bien le dimanche lors des matchs (rire moqueur), donc à l’entrainement, quatre gardiennes, on tourne, et quasi peu de ballons travaillés. L’impression de m’ennuyer, étant une ancienne joueuse de champ, le fait d’être « inactive » m’ennuie. Contrairement aux spécifiques, le fait de savoir qu’on va se déplacer, sauter, plonger, courir… c’est la dépense physique supplémentaire qui fait du bien, le fait de ressentir la fatigue après une de ces séances, c’est bon aussi pour le moral. Cela change la perception du travail.
Revenons sur le championnat, vous reprenez contre Soyaux dimanche dernier. Une équipe qui joue le maintien. Sur les derniers matchs, la capacité de l’équipe à tenir le ballon, construire des actions, remonter vers les buts sont visibles, mais cela ne se traduit pas au tableau d’affichage, avec un manque de précision. Par exemple, on se demande encore comment Paris a pu perdre deux points à Guingamp ou Yzeure, l’équipe produit du jeu, mais…Oui, comme une maladresse devant le but. Soit nous pêchons devant le but, soit c’est la dernière passe, le placement de l’attaquante, parce que oui, nous remontons le ballon, on arrive à centrer… Nous essayons de régler ces problèmes lors de nos entrainements, comme hier soir (NLDR : lundi soir suivant le match de Soyaux), cela se travaille, les automatismes sont long à venir, mais on y travaille.
Justement, car le PSG est devenu une référence dans le football féminin désormais, en jouant clairement les deux premières places du classement au Championnat, et face à des équipes comme Juvisy, Montpellier et l’intouchable Lyon, qui arrivent à aligner les victoires avec des scores fleuves, la ou nous les remportons par des petits scores…Je n’ai pas réellement d’explications. Déjà, nous n’avons pas l’attaquante tueuse, celle qui se retrouve face au but et qui enfile les buts. Notre meilleure buteuse est à neuf buts, et elle n’est pas en pointe, mais ailière droite (NLDR : Kenza Dali), c’est peut-être que quelque chose ne va pas trop devant.
A l’intersaison, il y’a eu beaucoup de changements également, l’arrivée de Dali en milieu droit, Jessica Houara qui se retrouve sur l’aile gauche, Caroline Pizzala qui descend d’un cran, ces changements profitent ils à l’équipe, il a fallu un temps pour s’adapter à cela ?Oui en effet, l’an dernier, Jessica allait toujours de l’avant, centrer sur son pied droit, et cette année, changer, débouler sur la gauche, repiquer pour centrer du droit, ou crocheter et frapper, il a fallu s’y faire. Pareil pour Caroline qui est redescendue au milieu, le fait d’avoir aussi cinq joueuses qui peuvent jouer au milieu pour deux postes, l’entraineur doit faire des choix, entre l’état de forme et la complémentarité des joueuses pour faire la meilleure équipe.
D’ailleurs, cette année, l’équipe a été touchée par les blessures, vous, Léa Rubio, Laure Lepailleur, mais aussi Elise Bussaglia…Pas spécialement évident non.
Surtout pour la grosse période en octobre, avec l’enchainement Lyon – Frankfurt – Juvisy – Frankfurt…J’ai beaucoup aimé cette période, on joue au foot pour faire ces matchs la. Cela n’a pas été évident pour nous d’effectuer cette période, puisque nous ne vivons pas du football, avec le travail à côté, cela a été très dur d’aménager du temps pour travailler, récupérer. Mais nous nous en sommes plutôt bien sorti, en faisant un bon match nul contre Lyon, une bonne prestation, et en battant Frankfurt à domicile. Le plus important, c’est d’avoir perdu contre Juvisy, dans un match où nous ne devions pas perdre, que l’on peut remporter même. Nous aurions du revenir au moins avec le nul (NLDR : Nous parlions des conditions d’arbitrage lors de ce match, mais Bérangère n’a pas voulu entrer dans ces polémiques là)
Du coup, le PSG se retrouve, 3è, à 4 points de deuxième place, sachant qu’il faut encore affronter encore Lyon à l’extérieur, Juvisy à la maison et Montpellier la-bàs, comment vous appréhendez ces matchs ?Il n’y a pas d’autres choix que de se mettre dans les meilleures conditions. A savoir battre les « petits » et arriver sans avoir perdu de points supplémentaires et prendre ces matchs les uns après les autres. Sans se projeter. En espérant avoir réglé nos problèmes. De toute façon, nous savons qu’il nous faudra gagner tous nos matchs et nous nous rendrons à Lyon pour gagner, pareil lors de la réception de Juvisy et du déplacement à Montpellier. Ce qui sera compliqué.
Tous les matchs jusqu’à la fin de la saison se joueront au Camp des Loges ?Du fait des droits télévisés cette année, la donne à changée. Nous aurons un autre match à domicile, contre Juvisy, qui sera retransmis. Comme cela n’est pas possible de diffuser un match via le Camp des Loges, il nous faudra trouver des aménagements dans un stade qui permet une retransmission télévisée. Un beau stade et une belle structure.
Donc pas au Parc ? Pas cette année du moins ?Non, pas cette année. Nous verrons en juin, où les cartes seront redistribuées.
C’est étonnant. Il a déjà été possible de jouer un match au Parc des Princes, devant 6000 personnes, sans aller trop loin dans les détails, pourquoi il n’est pas possible d’y jouer cette année ? La SASP refuse-t-elle ?Non, la conception des dirigeants actuels est simplement différente de celles de leurs prédécesseurs. En s’inspirant des traditions italiennes et anglaises, en réservant le stade à une équipe. Pour éviter les problèmes de pelouse, dégradations, etc… Donc le Parc est réservé aux garçons, mais le club s’engage à nous aider pour nous faire jouer dans un stade avec une belle contenance, une belle structure.
Dans le cadre du Nouveau Camp des Loges, qui est en préparation peut-être ? On parle d’un stade avec des tribunes de 10000 personnes…Cela va être compliqué puisque ce ne sera pas construit tout de suite. Dans l’hypothèse ou nous nous requalifions pour la Ligue des Champions l’an prochain, il nous faudra trouver un stade de suite. Donc nous sommes en recherche d’un club partenaire qui pourra nous faire bénéficier des ces installations.
C’est quand même malheureux de devoir aller jouer à Charléty ou Duvauchelle à Créteil quand on a le Parc des Princes à disposition, pas trop frustrant, non ?Frustrant dans le sens où cela à déjà été fait, dans une période où le foot féminin était invisible. Plus de 6000 personnes, le record d’affluence depuis deux ans, un succès. Alors, on se dit qu’on pourrait faire 15000 personnes, vu l’engouement actuel autour de notre sport, améliorer ce record, dans ce stade, déplacer autant de gens pour un match de football féminin, ce serait énorme pour l’image du PSG et du football féminin. Mais pour le moment, même si nous sommes déçues de leur décision, nous la respectons. Nous continuons à jouer, mais si nous pouvons en rediscuter, nous sommes prêtes à le faire.
Depuis 2008, et sûrement avant, les suiveurs constatent une progression de l’équipe, dans la structure, dans ses moyens. Ca et là, on entend que l’équipe féminine se dirige vers le giron de la SASP, pourriez vous nous renseigner ?Le budget s’agrandissant de plus en plus, la masse salariale notamment avec l’augmentation des contrats fédéraux à temps plein et à mi-temps, le coût des charges sociales notamment, pour l’association, cela devient très dur à gérer au niveau du budget. En ce sens, nous restons toujours sous le giron de l’association, présidée par Simon Tahar, avec notre président délégué Jack Jacquet, mais le budget est pris en charge par la SASP, et il est suivi par Philippe Boindrieux, qui supervise les dépenses de la section, l’association gardant toujours un droit de regard.
A terme donc, l’équipe est amenée à devenir le pendant de Lyon, un nouveau concurrent dans le foot féminin professionnel ?Normalement, oui. Il est prévu que l’équipe D1, une partie de la réserve et des U19, se retrouvent au sein de la SASP, avec des contrats fédéraux, équivalents à ceux qui ont été signés cette année. Comme les contrats professionnels n’existent pas encore dans le football féminin… En revanche, il existe des conventions avec certains ministères, qui nous permettent d’avoir du temps aménagé pour les titulaires de la fonction publique, comme Elise Bussaglia, dans la vie, professeur des écoles, qui se retrouve à l’INSEP cette année. Ou d’autres qui travaillent comme fonctionnaires de Police. Cela devrait être effectif avant le début de la saison prochaine. Le club est en train de repenser à un projet de développement, avec une mise en place d’une nouvelle section sportive au Camp des Loges.
Brigitte Henriques-Olive avait pour projet d’ouvrir un centre de formation exclusivement féminin. Ce projet est il toujours d’actualité ?Cela a été ouvert en 2008, sous la forme d’un externat. Mais il était compliqué à gérer, assez limité, que ce soit pour les joueuses, puisqu’il fallait qu’elles n’habitent pas trop loin de l’établissement, puis aussi en matière de conditions de travail, ce n’était pas la meilleure des choses. Cette section sportive a été fermée, car il n’a pas été possible de passer cette structure en internat, les coûts étant trop élevés pour le budget de l’association.
Ce passage en internat devait faire passer au Centre de formation, nous n’avons pu enchainer cette étape. Et dans le projet qui est en train d’être établi, nous comptons revenir sur cette idée et aboutir à des choses concrètes. Ce projet sera soumis à Philippe Boindrieux et aux dirigeants Qatariens.
Il est vrai que le club a beaucoup dépensé pour sa structure masculine professionnelle, notamment l’augmentation du budget, le montant des transferts. En revanche, pas ou peu de communication entre l’équipe féminines et les décisions des nouveaux dirigeants. Avez-vous déjà rencontré les nouveaux dirigeants ?Pas à ce jour, non. Cela ne saurait tarder. Ils sont venus voir la CFA, le centre de formation, la Fondation, donc la prochaine étape, ce sont les féminines. Nous les attendons forcément. Pour présenter notre équipe, nos ambitions, et leur faire comprendre qu’ils peuvent compter sur nous, qu’ils peuvent nous faire confiance. Il ne nous manque pas grand-chose pour aller décrocher le titre de Champion de France.
Vous avez évoqué le fait de travailler pour le PSG hors football. Pouvez-vous nous expliquer votre fonction ?A la base, je m’occupais de l’organisation et la communication des matchs qui se déroulaient le week-end pour la section féminines. L’organisation des déplacements des équipes nationales, réserver les hôtels, bus, trains, communiquer auprès des médias pour les informer d’un match, toute cette partie relationnelle. Depuis, c’est sur la communication et la recherche de partenaires que je me consacre. Le sponsoring, notamment, puisque la section en a besoin. Sans oublier le relationnel avec les médias.
A combien peut on chiffrer le budget de la section féminines du PSG ? Des structures comme Lyon, ou Frankfurt en Allemagne, annoncent des budgets approchant les 5M€...Je ne saurai vous donner un détail complet, mais pour ce qui touche à l’ensemble D1 – U19 – DH, le budget atteint presque 1.1 M€. Je ne saurai réellement vous donner un chiffre exact, le fonctionnement est plutôt autonome par rapport au reste du club. La différence avec les clubs que vous citez se retrouvent sur la masse salariale de ces groupes, qui est très importante. Les salaires que touchent les joueuses de ces clubs et ceux du PSG sont complètement différents. Il est évident que si j’avais un salaire équivalent à celui d’une joueuse de Lyon, je ne travaillerais pas dans le privé.
L’écart entre le plus gros salaire lyonnais, qui émarge à 12000€/mensuels (NLDR : pour Lotta Schelin, la suédoise) et le plus gros salaire parisien atteint quel coefficient ?Entre 2.5 et 3 fois. Nous n’avons peu de contrats fédéraux à temps plein, plus de mi-temps. Parce que les filles travaillent en dehors du football et que la législation du travail nous empêche de le faire.
Préfériez votre poste actuel et ce que vous faisiez précédemment ? Comment expliquer la différence ?L’organisation d’événements est très intéressante. Mais organiser mes propres matchs, c’est plutôt perturbant, dans le sens où je n’étais pas concentrée totalement sur mon match. Les filles, le staff, l’entraineur, qui me demande des détails sur le voyage, les repas, l’hôtel… Le dimanche, je suis joueuse et je ne veux plus entendre parler de ces détails, donc j’ai préféré mettre cela de côté. C’est difficile de penser à jouer et en même temps, être sûr que nous n’avons pas oublié d’affréter un car pour rentrer, ou savoir si je n’ai pas oublié les billets de train…
Pour revenir sur l'équipe de France, quels sont les objectifs pour le groupe France ? Se qualifier pour l’Euro 2013 et décrocher une médaille à Londres cet été ? Pensez-vous, si vous êtes dans le groupe, et en fonction du tirage au sort, que le potentiel de l’équipe de France est suffisant pour aller chercher une médaille aux J.O. ?Les Jeux, c’est une compétition complètement différente, rien à voir avec la Coupe du Monde, ou tout est possible. C’est un tournoi ou soit tu perds tes deux matchs ou soit tu peux aller au bout, nous y allons pour découvrir les Jeux Olympiques, mais pas seulement pour faire du tourisme. Nous savons que nous jouons bien au football, nous avons plutôt bien rivalisé avec des nations comme les États-Unis et on se rendra à Londres pour une médaille, si possible celle en Or.
Pour l’Euro2013, malgré le couac en Irlande ou l'équipe débute mal la rencontre, pas de défaites, des scores larges, c’est plutôt bien parti…Oui, malgré le fait de se faire surprendre sur un corner, les matchs ont été joués sérieusement. Le groupe prend les matchs très au sérieux, malgré la grosse différence de niveau entre les nations. Le fait de les gagner largement, cela veut dire que les filles font le boulot. L’Euro2013, nous nous y rendrons pour le titre.
Même face à des nations comme l’Allemagne ? Lors de la Coupe du Monde, on a senti lors de ce match de poules, une différence de niveau entre les deux équipes…Le contexte aussi nous a pénalisés. L’Allemagne joue à domicile. Devant 60000 personnes, et ça en France, on ne connait pas du tout cela. Très impressionnant. Puis les Allemandes n’avaient pas spécialement brillé en poules avant notre match et jouaient pour finir premier de la poule. Elles devaient se rattraper, nous avions beaucoup souffert en début de match, et après avoir été expulsée, l’équipe a mieux tenu, mieux résisté, paradoxalement. Nous avons vu sur ce match que nous pouvions les tenir, même à 10 contre 11. Il n’y a plus d’équipe qui nous fait peur.
Un déclic en somme ? Qui est apparu à quel moment ?Avant, nous entamions certains matchs avec l’idée de faire du mieux possible. Maintenant, nous avons confiance en notre jeu et nous entrons pour l’emporter. Ce déclic, c’est après le match contre le Canada, qui est devant nous au classement FIFA avant la Coupe du Monde, les battre 4-0… Il y’a eu l’Italie avant, lors des barrages, mais le Canada… Après l’Allemagne, l’Angleterre en quarts, très intense, le vivre des tribunes était dur, mais très intense, géniale.
Dans ce groupe France, on compte une trentaine de joueuses qui sont aptes à le rejoindre. Au PSG, plusieurs joueuses en font partie, d’autres sont très proches. Selon vous, les cinq parisiennes qui le rejoignent régulièrement peuvent elles être accompagnées d’autres joueuses du PSG ?Oui, lors de groupes élargis, comme pour la Coupe du Monde, des filles comme Sabrina Delannoy, Julie Soyer, Nonna Debonne, Jessica Houara, Léa Rubio ont fait les rassemblements. Elles sont très proches du groupe. Mais évidemment, il y’a du monde au dessus et si elles sont en place, certaines depuis très longtemps, ce n’est pas par hasard. Il faut être patient.
Pour revenir sur le club, les autres équipes ont-elles des objectifs particuliers ? Suivez-vous les autres équipes ?C’est un peu partagé. Nos équipes de jeunes n’ont pas réellement d’objectifs, il y’a énormément de joueuses dans la Région Ile-de-France et sans faire injure aux autres clubs, aucun n’est structuré comme le PSG à l’heure actuelle. Du coup, nos équipes en régional survolent leurs catégories, il y’a toujours l’objectif de terminer en tête mais il n’est pas fixé. Par contre, les Coupes sont importantes. Il faut aller les chercher dans toutes les catégories. Au niveau national, le but de l’équipe U19 est de devenir Champion de France, afin que les meilleures joueuses intègrent le groupe D1. Ce sera compliqué cette année, puisque beaucoup de joueuses de cette équipe ont atteint l’âge maximal requis et sont montés en réserve. Beaucoup d’U18 et des recrues sont arrivées, il a fallu un temps d’adaptation, trois matchs en début de saison, pour se remettre dans les bons rails, en espérant que le retard pris en début d’année pourra être comblé.
Sinon, je ne sais pas si toutes les filles suivent les équipes de jeunes, pour côtoyer des filles du groupe D1 qui ont joué en U19, comme Léa Le Garrec, Célestine Chevillard et Nora Kervroedan, je me tiens au courant de leurs performances et j’espère qu’elles sauront rattraper Juvisy.
CulturePSG.com remercie chaleureusement Bérangère de nous avoir reçu dans le temple des exploits du PSG, pour le temps qui nous a été consacré, sa disponibilité et la franchise de ses réponses. En lui souhaitant une merveilleuse et intense fin de saison, avec Ligue des Champions et médaille Olympique au bout !